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La danseuse et le Guerrier

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La danseuse et le Guerrier Empty La danseuse et le Guerrier

Message  redphoenix Mar 30 Jan - 14:32

Ce préambule est la liste des personnages historiques dont je me servirais dans mon histoire.

J'espére ne pas trop vous faire peur en vous annonçant beaucoup de chapitres.

C'est l'histoire du destin tragique de deux amants, lors d'une féroce entre les deux plus puissants clans du Japon, à la fin du 11ième siécle.
Personnages masculins

Minamoto (Genji)

Minamoto no Yoshitomo = Père de Yoshitsune et de Yoritomo, mort assassiné.

Minamoto no Yoshitsune/Ushiwaka

Minamoto no Yoritomo = frère ainé de Yoshitsune et héritier des Genji

Kiso Yoshinaka = cousin de Yoritomo et son rival pour diriger le clan Genji.

kiso yoshitaka = fils de Kiso Yoshinaka


Taira (Heike)

Taira no Kiyomori = chef du clan et mort de causes naturelles.

Taira no Tomomori = fils de kiyomori et chef de guerre

Taira no Munemori = héritier de Kyamori et des Heike

Taira no Tomoyasu = proche de l'Empereur


Vassaux de Yoshitsune

Benkei = moine guerrier

Fujiwara no Kunihira = fils de Fujiwara no Hidehira, le maitre des provinces du Nord.

Fujiwara no Tadahira = fils de Fujiwara no Hidehira, le maitre des provinces du Nord.


La cour

Goshirakawa = L'Empereur


Personnages feminins


Shizuka = danseuse sacrée

Houjou Masako = épouse de Minamoto no Yoritomo


Dernière édition par le Mar 30 Jan - 15:06, édité 1 fois
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Message  redphoenix Mar 30 Jan - 14:34

Chapitre 1

Kyoto....un jardin

Shizuka avait soigneusement choisi le lieu de sa danse. Un jardin retiré au coeur de la ville et qui semblait avoir été oublié des hommes. Le doux soleil du printemps lui permettait de supporter l'incroyable complexité de son costume. Elle commencait ses exercises en chantant doucement pour rythmer ses pas. Mais Shizuka n'avait que quatorze ans, l'âge où tout travail s'achève par des jeux.

Elle avait un grand carré de tissu vaporeux, de couleur rosé. Et s'en servant comme d'un étendard, elle riait en prenant les poses d'un soldat. Tout à ses jeux, elle ne prit pas garde à des cris dans le lointain.
En tournant sur elle-même, son regard fut accroché par une paire d'yeux noirs.

A quelques pas d'elle, se trouvait un jeune homme, visiblement essoufflé. Il semblait saisi par la vision de cette jeune fille dansante.

Il ne devait pas avoir plus de dix sept ans.

Elle finit par entendre clairement les pas lourds des soldats venant dans leur direction. Shizuka ne prit pas le temps de réflechir. Elle prit le carré de tissu et d'un mouvement large, en recouvrit le jeune homme. Le tissu tombait jusqu'aux genoux. Sa transparence permètait à peine de distinguer le visage. Ses trait si fins pouvaient paraitre féminins, si l'on était distrait.

Les soldats apparurent en colonne et parfaitement disciplinés. Shizuka baissa la téte humblement pour saluer l'officier qui l'ignora.
Elle reconnut la garde des Heike et se demanda vaguement pourquoi le clan le plus puissant du Japon semblait chasser ce jeune homme. Elle se mit simplement à prier.

"Esprits de ce jardin, rendez ces hommes aveugles...."

Les soldats passérent en trombe devant la jolie danseuse et son étrange compagne si timide...et si grande.

Le passage des soldats avait laissé dans le jardin, un silence de mort.
Shizuka soupira de soulagement. Le jeune homme, les deux bras tendus, souleva son voile.

"C'est prendre beaucoup de risques pour un inconnu."

Shizuka pu voir son visage de plus prés. Ses traits étaient presque aussi fins et délicats que ceux d'une fille mais sa voix était sans ambiguÏté, celle d'un homme.

"Les autres danseuses vous diront que je suis un peu folle et que les dieux protègent les fous."

Elle avança d'un pas pour le voir de plus prés.

"D'où venez-vous?..."

Le jeune homme recula, tout en baissant les yeux.

"Du temple Kuruma..."

Shizuka le regarda accablée, sans savoir pourquoi.

"Vous étes un moine...."

Son inconnu lui sourit:

"Non...je ne suis qu'un novice."

Elle se demanda ce qu'un novice pouvait faire dans les rues de Kyoto, poursuvi par des soldats.
Mais ses pensées dérivèrent.

"Je me nomme Shizuka.
_ Mon nom est Ushiwaka."

Elle se demanda amusée, si son manque de timidité ne la faisait pas passer pour une fille de petite vertu.
Dans son innocence, elle ne vit pas le trouble que provoquait sa présence, son parfum, son rire sur le jeune homme.

"Je dois partir...je me suis trop attardé..."

Mais Shizuka l'écoutait à peine:

"Avez-vous déjà assisté à un spectacle de danse?
-Non jamais."

"Alors venez au festival du Printemps. La troupe dont je fais partie, s'y produira tous les soirs pendant sept jours."

Elle le vit hésiter

"J'essaierais"

Elle le regarda avec serieux

"Je vous attendrais tous les soirs."

Et elle rajouta en souriant:

"Gardez ce voile. Je crois qu'il vous va trés bien."


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Message  redphoenix Mer 31 Jan - 10:37

Chapitre 2

"Il n'est pas venu...c'est ça?"

Hono tachait de consoler son amie. Car le rire de Shizuka masquait mal sa déception. La dernière representation venait de s'achever et aucun signe de son inconnu.

Qu'importe...elle avait décidé de s'amuser. Elle avait choisi le quartier des commerces pour soigner sa déception. L'endroit était trés animé à la tombée de la nuit, et donc idéal pour oublier un nom et un visage. D'ailleur elle n'y pensait déjà plus...Elle marchait la tète haute, trés fière...

"Regarde sur le coté..."

Hono lui désigna un groupe d'hommes en arme, vraisemblablement des samourais sans engagement.

"Tu ne leur trouves pas fière allure."

Shizuka renifla de mépris:

"Je hais ces hommes qui sentent la sueur et le sang."

Elle continua droit devant elle, oubliant que son amie, elle, aimait ce genre d'hommes. Il lui fallut quelques pas pour réaliser qu'elle était seule. Et un instant décontenancée, elle soupira en pensant qu'elle en avait assez de couvrir la conduite de cette dévergondée d'Hono.

Elle continua d'avancer vers le pont pour réaliser un peu surprise, que les environs étaient déserts et silencieux.

Ne voulant pas attendre son amie, elle marcha d'un pas décidé.
Mais étrangement, cette résolution s'affaiblit quand elle vit ce qui barrait le pont.

A première vue, cela ressemblait à un homme. Mais jamais dans sa courte existence, Shizuka n'avait vu une chose pareille. Elle pensait que cela n'existait que dans les contes...un géant.
....un géant....

C'était un individu tout de blanc vétu, chaussé de sandales de bois et portant une lance plus haute encore que lui. Un cerisier planté à l'entrée du pont, ressemblait à un abrisseau à coté de lui.

Shizuka s'avança en se disant que les monstres ne mangeaient les enfants que dans les contes.

Elle marchait de son pas léger de danseuse, quand une main se posa sur son épaule. Elle se retourna pour croiser le regard inquiét d'Hono:

"Mais tu es folle...Qu'est-ce tu fais?"
-Je vais traverser ce pont. C'est le chemin le plus court.
-Mais tu es vraiment folle. Tu ignores vraiment qui est cet homme?"

Shizuka fit signe qu'elle l'ignorait.

"Mais je pense que tu vas me le dire."

Hono regarda son amie affolée:

"Son nom est Benkei. C'est un moine guerrier. On dit qu'il a été chassé de son temple à cause de sa violence. Il s'installe ici tous les soirs et défie tout homme qui y passe. Il garde leurs sabres en guise de trophée. On raconte qu'il en a prés de deux cent."

Shizuka regarda calmement le géant. Il dépassait deux métres, et ses proportions lui semblaient brusquement tout à fait humaines.

"Il défie des hommes...et bien nous ne risquons rien. Et puis je ne veux pas rajouter une heure pour notre retour."

Hono vit désèspérée son amie s'avançer. Elle partit à sa suite en se disant que la folie devait étre contagieuse.


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Message  malice Mer 31 Jan - 16:31

le titre m'ayant interpellé, j'ai pris le temps de lire le debut de ton histoire... et je dois dire que tu as attisé ma curiosité pour connaitre la suite.
Ton style est fluide et agréable à lire... par contre les posts sont très courts Evil or Very Mad et je ne suis pas une adepte des fics où il faut attendre la suite No

j'espère que tu vas vite poster de plus de "gros" chapitres Wink
surtout continue comme ca... avec pas trop de drames j'espère!

ah, et.... j'ai abandonné, puis complétement zappé la présentation de tes personnages.... trop compliquée pour moi, Laughing
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Message  redphoenix Mer 31 Jan - 18:22

Chapitre 3


Benkei avait entamé sa garde comme tous les soirs. Et comme déjà trois nuits consécutives, tout ce qui ressemblait à un homme semblait éviter ce pont.

Le jour déclinait quand il vit avec surprise, deux silhouettes féminines entamer sa traversée . Une des jeunes filles leva son visage vers lui et lui dédia un sourire.

Benkei sentit à son grand désèspoir, la rougeur lui monter aux joues. Les femmes l'avaient toujours perturbé et celle-ci, malgré la peur évidente de sa compagne, le salua de la manière la plus graçieuse qui soit. Il sentit, à son passage, l'odeur délicate du jasmin monter vers lui.

Il s'interdit de tourner la tête dans sa direction pour la voir traverser. Il continua sa garde, parfaitement immobile.

La nuit était avancée et Benkei se mit à croire qu'elle serait tranquille. Il poussa un long soupir de frustration.
C'est à cet instant que le son d'une flute se fit entendre. A la clarté de la lune, il vit une silhouette blanche se diriger vers le pont. Ce devait étre une jeune femme voilée. Elle jouait de la flute et passa devant lui sans un regard.

Benkei ne distinguait aucun visage sous le voile.
Si il ne croyait pas aux esprits, il croyait au contraire aux imposteurs. Une brise légère avait soulevé les bords du voile, pour révèler des mains, qui étaient sans l'ombre d'un doute, celles d'un homme.

Benkei, furieux qu'on ait tenté de le tromper, fit tournoyer dans les airs la longue lance. D'un mouvement parfaitement maitrisé, il arracha le voile.
A la clarté de la lune, apparu le visage d'un trés jeune homme qui semblait sortir d'une rèverie.

"Pardonnez-moi. Je ne vous avais pas vu."

Benkei rougit, cette fois de colère devant l'expression tranquille du jeune homme.

"Je suis ici pour chatier les Heike. Ce soir, je me contenterais de punir un de leur valet."


Il fit de nouveau tournoyer l'arme mortelle pour l'abattre. Le jeune homme se déplaca assez pour sentir le soufle mortel de lance passer prés de son visage. La lance envoya dans les airs et pardessus le pont, la petite flute.

Benkei rit de son tour d'adresse.

Mais le visage du jeune homme s'anima brusquement parce qui semblait étre de la colère.

"Je tenais beaucoup à cet objet. Je n'avais rien contre toi, jusqu'à cet instant."
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Message  redphoenix Mer 31 Jan - 18:51

malice a écrit:
j'espère que tu vas vite poster de plus de "gros" chapitres Wink
surtout continue comme ca... avec pas trop de drames j'espère!

ah, et.... j'ai abandonné, puis complétement zappé la présentation de tes personnages.... trop compliquée pour moi, Laughing


Je compte "épaissir" les chapitres suivants....

Pour ce qui est des drames...je crains qu'on y échappe pas vraiment...

Pour la liste des personnages, j'ai voulu vous préparer à l'avenir.
Twisted Evil

Il est arrivé trés souvent, pour ne pas dire chaque fois, aux personnages historiques Japonais, de changer plusieurs fois de noms dans leur vie...de quoi devenir fou quand vous lisez leurs histoires.

Rassurez-vous!
Le héros ne change que deux fois de nom et l'héroine...jamais...Ouf!!!
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Message  redphoenix Ven 2 Fév - 11:14

Chapitre 4


Benkei pensait que rosser cet insolent serait suffisant, mais pour cela il devait l'attraper...
Le jeune homme semblait aussi léger qu'une feuille et aussi souple qu'un roseau. Tant et si bien que l'arme ne fendait que le vide.
L'instant d'avant il était devant lui, l'instant d'aprés, il se tenait en parfait équilibre sur le bord de la rampe qui bordait le pont.

Benkei eut l'impression de chasser un fantome. Le visage du jeune homme ne trahissait ni peur ni fatigue. Il se surprit à penser qu'il avit peut-etre devant lui un esprit. l pointa sa lance.

"Es-tu un esprit?...Mais parle...Dis quelque chose..."

Le jeune homme resta silencieux et comme une ultime provocation, il s'avança et sauta légèrement pour se retrouver en équilibre...sur la lance.

Benkei, les yeux exorbités devant ce prodige resta sans mouvement. Son corps lourd et puissant était sa force, mais des cet instant il n'était qu'une charge morte face à une créature aérienne.

Il ignorait le temps déjà passé à chasser cette ombre. Quand la fatigue le saisit par surprise. Dans sa précipitation à chasser son adversaire, il ne remarqua pas la déclinaison du sol et la manière dont son adversaire l'y poussait. Il eut juste le temps de sentir un leger fremissement et et le sol se déroba...

Il sentit sa cheville coincée entre deux planches et une douleur fulgurante suivit d'un bruit écoeurant. La cheville venait de se briser.

Tordu de douleur, il se retrouva sur le dos. Il tenta de se redresser pour observer son adversaire marchant tranquilement vers lui.

"Maintenant tu peux m'achever et ramener ma tète à tes maitres."

Le jeune homme le regarda surpris

"Depuis le début, tu te trompes. Je ne suis le valet de personne...Connais-tu le nom de Minamoto no Yoshitomo..."

Les yeux de Benkei s'agrandirent de stupeur. Chaque homme dans le pays connaissait le nom de ce seigneur, tué par traitrise. Des assassins à la solde des Heike l'avaient décapité et ramené sa tête comme trophé au maitre des Heike.

Le jeune homme continua

"Je suis son fils cadet et le simple fait que tu le saches, me met en danger de mort." Le jeune homme soupira de lassitude. "Je devrais te tuer mais ta vie ou ta mort me sont indifférents."


Il lui tourna le dos et sembla chercher quelque chose. Il ramassa le carré de tissu qu'il avait retrouvé et le plia avec précaution.

Benkei se redressa malgrés la douleur, se mit à genoux et baissa le front jusqu'à toucher le sol.

"Seigneur, toute ma vie j'ai cherché un maitre. Prenez moi à votre service, faites de moi votre vassal. Si vous refusez, faites de moi votre chien de garde."

Le jeune homme se redressa:

"Je refuse que quiconque me serve...Toi ou un autre."

Il lui tourna le dos et parti, signifiant que l'incident était clos.

Mais il en fallait plus pour décourager un homme comme Benkei. Car à cet instant il savait qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait.
Que cela plaise ou non au jeune homme, sa vie toute entière était désormais à son service.
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Message  gaillau Lun 26 Fév - 18:18

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Message  redphoenix Ven 2 Mar - 23:18

Prés de la rivière Fujigawa

Quatre ans avaient passé depuis le festival du Printemps. Années qui avaient permis à une trés jeune fille de passer du stade de danseuse novice au caractère enjoué à l'une des danseuses les plus recherchées pour la pureté de son art. Elle avait aussi appris un peu la gravité. Et cela ajoutait de la noblesse à sa grâce.

Elle était devenue comme sa mère avant elle, ce que le peuple appelait avec respect, les Shirabyoshis, celles qui dansent pour les dieux.

C'est pourquoi elle était là, au milieu des Heike. Les représentants de ce clan antique, qui étaient à ses yeux, les étres les plus rafinés et délicats qu'on puissent imaginer.

Elle avait dansé et chanté durant plusieurs jours pour les membres-dirigeants du clan ainsi que pour leurs proches. Son nouveau statut de Shirabyoshi l'amenait à entonner des chants poétiques, suivit à sa grande tristesse, par des chants de guerre. Car les temps étaient troublés et de gros nuages noirs menaçaient le monde des Heike. Un clan que l'on croyait décapité et impuissant aprés l'assassinat de leur chef, Minamoto no Yoshitomo, rallumait la guerre. Les Heike avaient oublié un détail...

Celui qu'ils avaient assassiné, avait des fils qu'ils avaient laissé vivre. Les enfants étaient désormais des hommes prètent au combat.

Mais l'esprit de Shizuka était loin de ces histoires sanglantes. Elle ne vivait que pour ces instants uniques où la musique la protègeait de tout.
Ce soir, elle était sur une estrade face à Munemori, héritier des Heike et Tomomori, son frère.

Le premier était petit avec un physique quelconque. Mais Shizuka s'interdisait de juger sur un physique. Cet homme était un lettré et un fin connaisseur de l'art. A l'opposé, son frère était grand avec un physique énergique. Il dégageait de lui une autorité naturelle, de celle qu'on prète aux chefs de guerre.

Shizuka avait le reflexe de regarder les mains des hommes, elle pensait que cela en révélait beaucoup. Les mains du premier étaient fines, avec des ongles travaillés, des mains habituées à tenir des pinceaux. A l'opposé de celles de son frère qui étaient larges et noueuses. Ils les tenaient soigneusement fermées car elles étaient calleuses... Des mains faitent pour tenir des armes et tuer.

_____


La nuit était trés avancée quand elle gagna ses quartiers. Les Heike avaient entamé leur retour vers la capitale en pleine nuit. Shizuka se préparait avec calme, pour partir à l'aube.

Elle voulait que tout soit parfait pour son retour.

Elle pliait soigneusement de lourdes étoffes quand elle sentit quelque chose d'inhabituelle dans l'atmosphère...comme une odeur de feu. Shizuka sortit dans la grande cour pour découvrir de lourds nuages de fumée. Elle cria pour réaliser qu'elle était seule. Elle sortit dans la rue, un peu craintive. Un véritable vent de panique y règnait. On aurait dit qu'un géant avait envoyé un coup de pied dans une fourmilière. Les courtisans et ce qui restait des troupes, partaient dans toutes les directions.

Les lourds nuages de fumée étaient tombés dans les rues, donnant une impréssion de cauchemar. Shizuka était à son tour gagnée par la panique.

La jeune fille prit une direction au hazard, en se demandant comment une fumée aussi épaisse pouvait exister sans feu...

Complètement égarée, elle n'entendait plus de pas affolés mais le bruit des sabots de chevaux lourdement chargés. Des cavaliers fantomatiques sortirent du brouillard. Dans sa peur, elle crut que des esprits maléfiques étaient sortis de terre. Elle courut comme une folle, mais se trouva trés vite encadrée par deux cavaliers.

L'une des bètes fit un écart et le corps de la jeune fille se retrouva projetté comme une balle entre les deux montures. Son front heurta les plaques métalliques incrustées dans les jambières d'un des cavaliers. Complètement sonnée, elle resta immobile, au centre de la rue, les yeux grands ouverts.

C'est à cet instant qu'elle le vit...Un cheval noir comme l'aile d'un corbeau, portant un harnachement rouge écarlate.

Et le plus extraordinnaire était le cavalier lui-mème, tout de rouge vétu, des pièces de son armure à son casque surmonté de deux cornes fines.

La dernière pensée de Shizuka avant de sombrer dans l'inconscience fut de se dire que parfois, les démons étaient beaux.
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Message  redphoenix Dim 4 Mar - 17:20

Le grand jardin à l'abandon face à sa demeure, était idéal pour un peu de réflexion et pour éxercer son art du sabre. L'éxercice permètait au jeune homme de libérer son esprit tout en affinant sa technique de sabreur. Le soleil était brulant. Il avait choisi de s'éxercer torse nu et faciliter ainsi ses mouvements.

Il se trouvait léger, sans force musculaire. Il n'aimait pas sa morphologie qu'il trouvait trop faible.

...tout bien réfléchi...il ne s'aimait pas du tout...

Il était inconscient de son étonante facilité à manipuler toutes sortes d'armes comme les deux sabres qu'il tenait en main cet aprés midi là, de sa résistance à tenir des journées à cheval, de sa capacité à se faire de obeir de véritables brutes sans avoir besoin d'élever la voix.

Il se contentait de s'épuiser à combattre des adversaires imaginaires au milieu des hautes herbes.

Perdu dans ses pensées, il sentit un regard sur lui. Il interompit l'une de ses passes d'arme pour découvrir à l'entrée de sa résidence, la jeune fille qu'il avait trouvé la veille, au milieu du camp détruit des Heike.

Il l'entendit murmurer un nom...

"Ushiwaka..."

Ce qui le ramena quatre ans dans le passé.

____________________


Shizuka avait reprit ses esprits dans une grande salle éclairée par le soleil d'une fin d'aprés-midi. La demeure lui était inconnue et semblait déserte. Elle se leva avec prudence, pour explorer les lieux. Sa tête était encore douloureuse mais ses souvenirs revenaint par vague.

...la Danse Sacrée...l'incendie sans flamme...la panique...le cavalier rouge comme le sang...

Elle marchait au hazard, en tachant de remettre en ordre le chaos qui règnait dans sa tête, quand ses pas la menèrent vers l'exterieur. Ce qu'elle y trouva l'a laissa toute songeuse...

Au milieu d'un espace verdoyant, un jeune homme armé de deux sabres se livrait à des figures complexes où ses lames coupaient les têtes d'ennemis invisibles. Shizuka restait fascinée par les arabesques mortelles dessinées par les sabres. Mais trés vite son regard esthétique fut capturé par autre chose.

...Shizuka avait dix sept ans et n'avait jamais vu un homme à demi-nu.

Elle chercha désespèrement un élément de ce corps qui ne la trouble pas. Il avait une chevelure longue ramenait en queue de cheval pour ne pas géner ses mouvements.

Elle vit clairement son visage et un souvenir la pris par surprise. Celui d'une journée de printemps où un étrange jeune homme était entré dans sa vie. Un jeune homme qui semblait étre revenu dans sa vie de la meme manière que la première fois...par surprise.

Et son nom lui revint naturellement:

"Uchiwaka..."

Elle l'avait prononcé à voix haute...Elle croisa le regard noir du jeune homme. Elle le vit lui sourire quand il marcha vers elle.

"On ne m'appelle plus ainsi depuis quelques années...Aujourd'hui je porte le nom de mon clan...Minamoto no Yoshitsune..."

Il la salua de la manière la plus respectueuse. Elle lui rendit son salut comme si elle s'était trouvée à la cour Impériale. Elle éclata de rire, mais quand elle croisa son regard...

Elle eut la brusque certitude de se trouver devant son cavalier écarlate.
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Message  redphoenix Mer 14 Mar - 2:58

Yoritomo, héritier du clan Genji, était un homme d'une trentaine d'années. Et comme tout haut-seigneur, il se livrait à l'un de ses loisirs favoris...la chasse aux faucons.

Il admirait le vol meurtrier de son rapace noir. L'animal lui ramena une colombe à moitié décapitée. Yoritomo apprèciait la précision du coup mortel.

Ces instants de solitude l'aidaient à ordonner ses pensées, et tenir à distance son entourage. Il était lassant d'être entouré de personnes répétant trop souvent leurs voeux d'amour.


Ses pensées le poussèrent vers son jeune frère.

Six mois plutôt, Yoshitsune était apparu de nulle part.

Il revoyait cet instant où un jeune homme tout en arme lui était apparu. Il avait forcé les portes de sa demeure. Il était entré en pleine séance de son état major. Il s'était présenté comme son frère, avait mis genoux à terre et lui avait juré fidelité.

Son entourage avait douté de son identité. N'importe quels espions d'une vingtaine d'années pouraient jouer le rôle de ce frère disparu et miraculeusement retrouvé.

Mais Yoritomo, l'homme le plus méfiant du Japon, celui qui ignorait le sens du mot confiance, ne douta pas un instant. Quelquepart dans le fond de son coeur, quelque chose avait vibré et il sut que ce jeune homme était son frère.

Il n'avait qu'une image lointaine de lui. Il se revoyait à l'age de dix ans, à cheval, se tenant à cote de son père avant la dernière bataile. Il revoyait une femme trés belle, une des concubines de son père, tenir dans ses bras un nouveau né. Il y avait de la tendresse sur le visage rude de son père.

Il se souvenait avoir souhaité intensement la mort de l'enfant.

Puis il y eut la défaite, l'assassinat de son père et sa propre captivité. Les Heikes l'avaient épargné. Ils avaient tué le loup et pensé qu'il sufirait de garder en cage ses petits pour avoir la paix.

Yoritomo avait appris l'art du mensonge et de la dissimulation. Les Heikes l'avaient cru idiot et aussi menaçant qu'un agneau. La prison dans laquelle on l'avait tenu s'était adoucie avec les années...assez pour pouvoir s'échapper des ses vingt cinq ans.

Aujourd'hui, il tenait à bout de bras un clan dont les derniers membres se haissaient tant, qu'il n'aurait peut-etre pas besoin d'attendre l'attaque générale des Heike pour disparaitre. Ses oncles et ses cousins semblaient parfois des ennemis plus féroces.

C'est pourquoi l'arrivée de ce frère providentiel avait quelque peu troublé ses calculs. Yoshitsune semblait indiférent aux calculs et aux ambitions politiques. Il aurait été rassuré par un frère ambitieux et cruel. Et le destin lui rendait un frère prét à l'aimer et à le servir. Et cela le troublait...

En voyant son faucon massacrer un nouveau vol de colombe, il pensa à ce qu'il avait appris.

Une femme vivait chez son frère.

Cela le rassurait. Depuis son arrivée, Yoshitsune vivait dans la solitude. Ce que Yoritomo considérait comme malsain. Les seigneurs de son entourage entretenaient des concubines où de jeunes pages selon leurs goûts.

Voir son jeune frère ignorer les uns et les autres, lui semblait anormal.

Cette jeune femme avait été capturé lors d'une bataille.

Une bataille où son jeune frère avait fait preuve...d'inventivité. Yoritomo lui avait confié soixante dix hommes Genji face à l'arrière garde Heike, composée de deux cent à deux cent cinquante hommes. Yoshitsune avait incendié une prairie. Le feu avait été arrété par une rivière mais la fumée s'était propagée dans le camp Heike. Le vent avait porté les nuages de fumée. Et leur faible nombre fut ainsi masqué. La petite troupe avait mit en fuite un énnemi trois fois plus nombreux.

Yoshitsune avait réclamé cette jeune fille comme butin. Et Yoritomo avait accepté. Il trouvait les désirs de son frère bien modestes, trop modestes.
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Message  redphoenix Jeu 19 Avr - 22:43

Shizuka marchait avec précaution. Une légère blessure à la cuisse la ralentissait. Elle se promenait dans la grande demeure des Genji avec une certaine liberté, uniquement escortée d'une vieille servante.

Ce fut en cette fin d'aprés midi qu'elle croisa Yoritomo escorté de ses courtisans. Elle s'écarta précipitament.

Elle croisa quelques instants le regard de cet homme. Il portait sur son poing fermé un faucon noir. Elle pensa qu'ils avaient l'un et l'autre le mème regard, celui d'un prédateur.

Aprés cette brève rencontre, elle ressentit le besoin impérieux de revenir en hâte vers Yoshitsune.

---------

De retour dans une demeure bien plus modeste, elle trouva Benkei assis dans la poussière, en train de boire du sake.

Elle se dirigea vers lui en souriant:

"Est-ce aussi fort qu'on le dit?"

Le géant tourna le dos sans répondre:

"Je suis triste Benkei que vous ne m'aimiez pas. Pourtant j'ai beaucoup d'affection pour vous."

Benkei la regarda à nouveau, furieux.

"Cessez de faire l'enfant. Vous tenez peut-etre mon maitre dans le creux de votre main, mais pas moi."

Il avala le reste du sake....signe d'une grand énervement où d'une grande inquiétude. Il se leva et pendant un instant, il sembla à Shizuka qu'il lui cachait le soleil.

"Cessez vos promenades. Tout le monde sait que vous étes une femme qui a servi les Heikes. On finira un matin par retrouver votre cadavre."

Shizuka palit:

"J'aime marcher...c'est tout."

Benkei était exaspéré:

"Vous et mon maitre, faites un concours de naiveté...vous étes l'un et l'autre désèsperant.
Hors de ces murs, vous étes une femme Heike, une ennemie.
Si mon maitre n'a plus toute sa tête quand vous étes là, ce n'est pas mon cas. Je vous attacherais si il le faut."

Shizuka se sentit tremblante.

"Ai-je mis en danger Yoshitsune?
- Non...seulement vous."

Shizuka le regarda. Et posa sa petite main sur celle de Benkei. Il bougonna.

"La personne la plus redoutable pour vous, n'est pas Yoritomo mais sa femme.
- Mais je ne la connais pas. Pourquoi cette haine?"

Benkei s'exortait à la patience:

"Quand nous sommes arrivés ici, cette femme fut trés...aimable. En voyant mon maitre pour la première fois, elle a conçu pour lui des sentiments violents. Mais il l'a totalement ignorée. Elle a du croire qu'il n'était pas intéressé par les femmes. Elle a cherché à se consoler ainsi. Mais votre arrivée l'a contrariée. Vous avez atteint sans effort, un homme qu'elle croyait intouchable."

Sa voix se fit préssante.

"Vos promenades risquent de se terminer par un accident."

Shizuka était trés pâle. Benkei se radoucit:

"C'est étrange, mais vous vous ressemblez...
Quand vous dansez et chantez, vous ressemblez à un oiseau. Les femmes vous détestent parce que comparées à vous, elles ressemblent à des juments.
Quand mon seigneur est sur un champ de bataille, il devient le Dieu de la Guerre incarné.
Et pourtant l'un et l'autre, vous étes plus fragile qu'un enfant... "

Shizuka baissa la tête comme devant un père:

"Que va-t-il arriver?
-Dans les jours qui viennent, une bataille arrivera. Elle sera décisive pour l'avenir de mon maitre. Il devra faire face à l'état major Heike. Il aura ses vassaux au nombre de dix et une troupe de cent cinquante hommes. La garnison Heike se compose de quatre cent à cinq cent hommes."

Shizuka en était presque sans voix.

"C'est de la folie...
-Pas pour Yoritomo. Il veut savoir comment agira son frère face aux Heikes.
-Je ne comprends pas. Pourquoi ce test? Il y aura des morts, son frère peut être tué et pour savoir quoi?
-Si mon maitre est capable d'affronter et vaincre, ceux avec qui il a grandi...les princes Heike."
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Message  redphoenix Mar 24 Avr - 20:29

Houjou Masako marchait sur un sentier étroit, sans se soucier des ronces et de la boue. Son esprit et son corps étaient en ébulition...
Quiconque la croisait, baissait la tête, effrayés. Car le caractére de l'épouse de m yoritomo n'était un mystère pour personne.
Elle aurait fait un chef de guerre redoutable, si elle était née homme. Prisonnière d'un corps de femme, elle était condamnée à brider, dominer ses passions et ses colères. Mais pas aujourd'hui...

Ce qu'elle avait vu lui brulait les yeux, un nuage rouge sang lui était monté au cerveau...elle devait s'éloigner au plus vite...Elle rit comme une possédée en pensant qu'on pourait la croire jalouse. Aprés tout quel mari n'avait pas le besoin d'aller voir ailleurs. Son mari avait des besoins qui la dégoutaient. Elle lui était reconnaissante d'aller chercher ailleurs. Mais d'aller copuler presque en public avec une paysanne. C'était insuportable... Il avait une petite maison proche de la demeure principale. Il y trouvait la tranquilité, la proximité et les plaisirs divers.

Masako était à la fois en colère et horriblement frustrée mais elle ne tarda pas à se sentir totalement humiliée quand elle vit Yoshitsune. En croisant son regard , elle sut qu'il savait. Et son expression chargée de pitié la remplit de haine. Aujourd'hui elle avait choisi de le hair et qu'importe si c'était injuste...

Sa droiture et son intégrité ne faisait que faire ressortir davantage, l'aspect trouble et tortueux de son ainé.

Elle marcha droit devant elle. Et malgrés l'étroitesse de son kimomo, ses emjambées étaient larges et sans élégance. Masako s'en moquait. Elle était de petite noblesse et malgrés ses origines, elle avait épousé l'héritier d'un clan prestigieux. C'était déjà une victoire. Elle se sentait comme un carnivore qui aurait planter ses crocs dans de la viande rouge. Elle tuerait pour ce morceau de barbaque. Elle n'avait que ça.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle parvint à la résidence. Elle s'installa en silence dans la grande salle, sachant que son époux ne tarderait pas. La pensée du feu mit à une batisse isolée la soulageait et d'une paysanne brulée vive, encore plus. Elle sourit vaguement à cette idée.

A son retour, Yorimoto surprit le sourire froid de sa femme. Il sut qu'une cruauté germait derriére ce visage lisse. Il ne sentit pas de crainte. Il savait que les intérêts de sa femme et les siens formaient un tout.

"Pourquoi être là si tôt Ma Dame.
-Peut-être, parceque vous me manquiez."

Yorimoto se préta au jeu. Puis s'inquiéta:

"La princesse O est-elle soufrante?"

Masako sourit. Son époux était peut-être un chien en rute pour une femme mais il aimait leur fille, autant qu'elle.

"Notre fille que je sache, est avec ses suivantes et les rend folles par ses caprices.
-Alors de quoi souhaitiez-vous m'entretenir, visiblement en privée."

Yorimoto connaissait sa femme et son esprit politique. Il ne fut pas déçu.

"D'aprés la rumeur, il semble que votre cousin soit prét à vous constester le titre de leader de votre clan.
-Yoshinaka parle beaucoup, mais il m'est précieux comme général. De plus, il proteste de sa fidélité.
-Des actes valent mieux que des promesses.
-Et comment dois-je le tenir?"

Masako sembla reflechir mais l'idée était déjà bien avancée.

"Votre cousin a un fils du même âge que notre fille. Demandez lui de vous confier l'enfant pour son éducation. Il ne pourra pas refuser, sous peine de rebellion ouverte. On dit l'enfant beau et intelligent. Ce qui me fait douter de la paternité de votre cousin."

Elle rit mais son époux resta de glace. Elle s'en moqua.

"Il sera pour le monde, le page de notre fille, mais officieusement, il sera notre otage. Votre cousin restera tranquil, sous peine de recevoir la tête de son fils."

Yoritomo était amoureux de l'esprit de sa femme à défaut de l'être de son corps.

"De quoi d'autre vouliez-vous m'entretenir?
-De votre jeune frère."

Yoritomo n'avait pas changé d'expression, pourtant elle savait que son esprit était en alerte.

"Vous ne l'avez pas encore annoncé, pourtant je sais qu'il sera bientot le général en chef de vos armées. N'est-ce pas dangereux de mettre entre les mains d'une personne aussi jeune, un tel pouvoir.
-Aprés mon cousin, se serait donc mon prochain ennemi."

Masako comprit avec inquiétude que Yoritomo pourait se laisser aller à aimer son frère.

"Vous avez grandi dans la peur des assassins." Elle eut la finesse de ne pas lui rappeler qu'elle et son père, avaient monnayés leur mariage contre sa vie.
"N'oubliez pas que votre frère a grandi sans connaitre ses origines jusqu'à son adolescence. Et pire, bien pire, il a passé ses premières années auprés des Heikes. Il a été élevé par eux, il s'est cru l'un d'entre eux. Comment pouvoir lui confier une armée et espérer qu'il vous serve."

Tout cela n'était pas nouveau pour Yoritomo.

"Quel est votre conseil ?
-Le tenir trés étroitement.
-Comment voyez-vous cela?
-Qu'il soit le géolier de l'enfant. Et mariez-le."
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Message  redphoenix Mer 9 Mai - 0:12

Benkei avait tout du sanglier qu'on enferme dans une cage. Il attendait désespérément d'avoir des pensées plus claires avant d'oser parler. Yoshitsune siègeait au milieu de ses vassaux, dans la salle principale de sa résidence. La nouvelle de son retrait forcé de la tête des armées, avait fait l'effet d'un coup de tonnere.

Les pensées de Benkei se tournaient vers Yoritomo. Le moindre des actes de ce dernier, était la preuve évidente de l'absence de confiance vis à vis de son jeune frère. Et Benkei n'en comprenait pas la raison. La colère grondait chez les vassaux du jeune homme. Chacun de ces hommes avaient juré fidélité à Yoshitsune, non à son frère. Chacun d'entre eux se sentait insulté par ce qu'ils interprètaient comme du mépris.

Et puis l'évidence frappa Benkei. Yoritomo comparait chaque humain à lui-même. Il ne pouvait imaginer la fidelité car il en était lui-meme incapable. La droiture de son frère lui était étrangère.

Tous les actes de Yoritomo n'avaient d'autre but que de pousser son jeune frère à la révolte, et ainsi lui donner raison. Jusqu'à ce mariage imposé que Yoshitsune ne pouvait refuser, comme vassal de son frère.

Benkei se sentait désolé pour Shizuka car il savait que quoi qu'il lui en coûte, Yoshitsune se soumètrait.

_________________________________________________________________________________

Yoshitsune laissait chacun de ses vassaux exprimer la colère qui les tenait. Cela lui laissait le temps de savoir ce qu'il ferait de la sienne. Mais il le savait déjà.

Lui, le fils d'une concubine, suivrait ce frère légitime, parcequ'il n'avait que cela. Le suivre et le servir lui semblait naturel. Il cherchait aussi à le comprendre. Peut-être qu'un jour, se lasserait-il de cet effort mais pas aujourd'hui.

Il regardait ses vassaux. Chacun lui était fidèle. Ces quatres dernières années avaient forgé entre ces hommes, des liens aussi puissants que ceux du sang. Peut-être plus...

Pendant un brèf instant de confusion, l'un d'entre eux se leva et vint se mettre à genoux face à Yoshitsune. Tadahira leva la tête vers son seigneur:

"Donnez à moi et mon frère l'ordre de vous abandonner!"

Un froid passa dans la petite assemblée.

"Pourquoi?"

Yoshitsune malgrés son calme apparent sentit son coeur rater un battement. Kunihira et Tadahira étaient des princes de haut lignage, fils d'un seigneur dont la puissance ferait passer le rugissement de Yoritomo pour le miaulement d'un chat face à un tigre. Et ce qui suivit acheva de le convaincre.

"Parceque nous sommes les fils de Fujiwara no Hidehira. Pour votre frère et ses alliés, nous sommes des menaces que vous avez vous-meme introduite dans sa citadelle."

Yoshitsune l'arréta d'un geste.

"Je decide qui me sert. Vous ne partirez pas. Vous resterez à mes cotés parceque chacun d'entre vous m'est essentiel. Il n'y a plus rien à ajouter la dessus."

Il se trouvait trop dure, il ne parvenait à trouver ses mots. La présence de ces hommes à ses cotés était une totale évidence et faisait parti de son équilibre.

"Je le répète, aucun d'entre vous ne partira pour de telles raisons."

Il se tourna vers Benkei.

"Tu n'as pas parlé. Qu'as tu en tête?"

Benkei sembla reflechir

"Je m'inquiètais pour la jeune demoiselle. Partira-elle aprés votre mariage?"

Benkei vit le visage du jeune homme palir.

"Shizuka n'ira nulle part..."

Yoshitsune était furieux de devoir s'expliquer. Il n'avait pas vraiment voulu réfléchir à la situation de la jeune fille. Il ne l'avait jamais considérée autrement que comme une invitée.

Aujourd'hui, il devait s'avouer que sa seule pensée lui faisait battre le coeur plus vite. La simple idée qu'elle puisse partir l'empéchait de respirer. Son mariage avec une inconnue ne serait pas suffisant pour lui permettre de le quitter.
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Message  redphoenix Mer 9 Mai - 0:13

Shizuka avait fermé les yeux et le sommeil l'avait prise. Elle était seule, la nuit était noire et malgrés son désarroi, ses larmes et sa fatigue, elle dormait comme une enfant.

La dernière image qu'elle emporta avant de sombrer dans un sommeil sans réve, fut celle d'une mariée qu'elle n'avait fait qu'entrevoir. Elle ne s'était pas approchée d'assez prés. Sinon elle aurait vu le visage de l'inconnue et elle aurait su que pour cette dernière, il n'y avait aucun bonheur, aucune joie dans cette journée.

Shizuka ouvrit les yeux en pleine nuit. Elle pensait confusément à sa mère. Elle devait la croire morte. La pensée de son égoisme, la réveilla totalement. Elle prit quelques instants pour s'habituer à l'obscurité. Et pour réaliser qu'elle n'était pas seule...

Une lumière s'alluma, une simple bougie, puis une autre... La silhouette de Yoshitsune apparue complètement. Il était à genoux devant elle, un simple vétement de nuit négligement fermé et sa longue chevelure noire lui couvrant les épaules.

Sa présence avait quelque chose de surnaturelle. Mais une odeur persistante d'alcool, lui indiquait qu'elle ne révait pas.

Il avait la tête baissée quand il s'adressa à elle.

"Il fallait que je vienne...que je demande."

Les mots semblaient lui manquer et Shizuka voulu l'aider en se rapprochant

"Que vouliez-vous demander?"

Il était si proche d'elle qu'à l'instant où il leva les yeux, leurs visages se touchèrent presque.

"La permission de te toucher."

Sa demande était faite dans un souffle. Shizuka aurait pu s'interroger sur la présence du jeune homme dans sa chambre plustôt que dans celle de son épouse. Mais toute son attention était concentrée sur la main tremblante du jeune homme.

"Je crois que tu peux..."

Il aventura ses doigts sur les lignes de son visage, l'explora pour finir par suivre le contour ses lévres. Elle ferma les yeux à ce contact bientôt suivit d'un autre, bien plus doux. Shizuka pensa confusément que c'était là son premier baiser. Et quand leurs souffles se mélèrent, un nuage de chaleur lui monta au cerveau.

Elle se détacha un instant, pour le regarder gravement.

"Je crois que j'aime cela..."

Les mains du jeune homme s'égarèrent sur son corps.

"Ce n'est pas suffisant. Moi, je sais que je vais en avoir besoin... Je veux que pour toi aussi, cela devienne la même chose."


______________________________________________________________________________________


La première lumière du jour traversa la pièce. Le corps de Shizuka était replié sur lui même, lové contre le corps de son amant. Ils semblaient comme imbriqués l'un dans l'autre. Elle remua légèrement, il referma ses bras instinctivement pour la tenir encore plus intimement.

"Je ne comptais pas partir.
-Je ne t'aurais pas laisser faire de toute façon."

Elle sentit son souffle chaud au creux de sa nuque. Elle sourit devant cette vanité toute masculine et garda la main du jeune homme étroitement contre elle.
Elle murmura si doucement qu'il eut de la peine à entendre.

"Où vous irez, j'irais...toujours..."
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Message  skayove Mar 22 Mai - 20:19

Elle bien cte fic pirat

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Message  redphoenix Lun 11 Juin - 20:39

kiso yoshitaka était un enfant de onze ans. Ce jour-là, il sut qu'il n'avait pas de chance. Il aurait sans doute aimé être fils de paysan quand des hommes d'armes l'entourèrent plustôt que fils de grand seigneur et Yoritomo était son parent.

Quand il passa le porche de sa résidence, il ne regarda pas derrière lui, malgrés un désir violent de courir. Et il eut honte de sa lacheté.

Il se contenta de marcher tranquillement et traversa une grande cour. Au bout de son chemin, se trouvait un homme richement vétu, assis sur une estrade et encadré de courtisans.

L'enfant s'agenouilla et salua avec respect.

"Je suis Minamoto no Yoritomo . Soit le bienvenu dans ma demeure."

L'enfant osa lever les yeux. Il pensa aux paroles de son père.
Son cousin était un renard déguisé en homme...et l'enfant eut peur.
Aprés tout, les renards étaient les alliés des démons...c'était ce que sa nourrice lui racontait, et elle ne mentait jamais.

"Je suis ravi de voir que votre père ait accepté la nécessité de votre présence parmis nous. Durant la durée de votre sejour, vous serez le page de ma fille, la princesse Oh. Mon frère ici présent, vous guidera."

L'enfant résigné tourna la tête vers son futur géolier. Il croisa le regard de Yoshitsune.

_________________________________________________________________________________

Yoshitsune contempla l'enfant, le coeur serré.
Il regardait son frère à la dérobée. Il ne voyait qu'un profil dure et se demanda si ce dernier revoyait l'image de sa propre enfance. Celle de la captivité...

Mais son frère resta impénétrable.
Quand il commanda la fin de l'audience, il se retira sans que son visage n'est exprimé le moindre sentiment.

Les yeux toujours baissés, l'enfant demeura avec Yoshitsune et quelques gardes.

"Peut-être aimerais-tu connaitre la princesse?"

L'enfant leva les yeux, salua poliment cet inconnu. En se demandant si malgrés son sourire aimable, il n'était pas lui aussi un renard.

______________________________________________________________________________________

Kiso tachait de suivre les grandes enjambées de l'inconnu. Son nom lui échappait...il avait l'esprit occupait par cette recherche quand un cri le troubla:

"Mon oncle...!!!!"

Il vit déferler vers eux une boule de lumière rouge-sang. Il ferma les yeux plusieurs fois pour être certain de ne pas réver. Une petite fille vétue d'écarlate, le regardait avec curiosité.

Il n'avait jamais rien vu d'aussi joli.

C'était une enfant de huit ans tout au plus, dont le visage de porcelaine était encadré d'une crinière noire taillée au carré.

"Mon oncle...Vous m'avez manquée."

Tout à son rôle de princesse, elle considéra le jeune garçon avec le plus sérieux:

"Serez-vous mon page?"

Kiso s'inclina avec cérémonie:

"Absolument."

Elle battit des mains en riant.

"Comme je suis contente!!!"

Et le coeur du petit prisonnier se réchauffa.

______________________________________________________________________________________


Les jours et les semaines passérent paisiblement. La petite princesse et son page n'étaient jamais l'un sans l'autre. Et avaient choisi pour terrain de jeux, un immense jardin avec en son centre un pavillon surmonté d'un toit porté par quatre piliers. Les enfants s'étaient installés dessous. Ils étaient plongés dans une intense partie de Go.

L'arrivée imprévue de Yoshitsune éclaira leurs petits visages.

"Vous avez bien tardé mon oncle.
- Hélas ma princesse, des affaires de la plus haute importance m'ont retenu."

La petite fille lui tira la langue.

"Quelles manières jeune demoiselle!
-Je suis mal élevée et j'en suis contente."

Elle leva les yeux d'un air buté puis changea d'humeur le temps d'un batement de cil. Et lui dédia un regard plein d'espoir.

"Montrez-nous un de vos tours de magie. S'il vous plait..."

Elle lui fit ses plus beaux yeux larmoyants.

"Dans ce cas, j'obeis.
Le jeu est simple...trouvez-moi dans ce jardin."

Kiso regarda un espace jalonné de petits bosquets. Si il parvenait à disparaitre ici, il serait à coup sûr, un magicien.
"Fermez les yeux et comptez jusqu'à trois. Vous aurez trente secondes pour me trouver."

La petite fille se mit à rire.

"Il faut un gage!!!
-C'est trés simple, si vous me trouvez, je serais votre esclave pour la journée, si vous perdez, vous serez les miens."

Kiso flaira un piège, mais la fillette fut plus rapide.

"Vite...jouons.
-Bien, commencez le décompte, sans tricher."

Les enfants fermèrent les yeux, les couvrirent de leurs mains. Le décompte terminé, ils découvrirent le grand jardin désert. Ils se mirent à courir au milieu des bosquets et des fleurs, comme de petits insectes sans résultat...

Les trente secondes s'écoulèrent. Les enfants se regardèrent désemparés. Un grand rire les fit lever les yeux. Ils découvrirent Yoshitsune, tronant fièrement sur le toit du pavillon.

______________________________________________________________________________________

Shizuka était trés occupée. Elle accordait avec soin ses instruments de musique quand elle vit arriver Yoshitsune, encadré des deux enfants.

"Ma Dame, j'ai gagné aujourd'hui deux jeunes pages."

Shizuka se garda bien de rire devant la mine déconfite des enfants.

"Je pense qu'ils bien beaux et certainement bien sages."

...Mais peut-être que les bonnes choses ne sont pas destinées à durer.
Un garde essoufflé par sa course, se jetta au pied de Yoshitsune. Il apprit ainsi que son frère exigeait sa présence.

______________________________________________________________________________________

Yoshitsune le trouva dans la salle principale, sa femme se tenant à ses côtés. Un long rouleau d'écriture était déroulé devant lui.
Yoritomo plongea ses yeux dans le regard de son frère.

"Aprés lecture de ses nouvelles, il semble que Yoshinaka accorde peu de cas de la vie de son fils."

Un grand froid tomba sur Yoshitsune.

"Il est à la tête d'une armée. Il s'est emparé de la capitale et cela, sans combat.
-Les Heikes lui auraient livré Edo...je ne peux y croire.
-Et bien, crois-le. Aprés ce coup d'éclat, il est en passe de se proclamer chef de notre clan.
Et cela, je ne le permétrais jamais."

Tout cela fut dit de manière mesurée, mais les yeux de Yoritomo étaient sanguinaires.

"Toi, mon frère, tu as désormais les pleins pouvoirs à la tête de mon armée. Tu iras à Edo. Tu partiras avec une petite troupe. Le gros de l'armée te suivra de quelques jours.
Tu devras parler à Yoshinaka et le ramener à la raison.

-Et si je n'y parviens pas.

Aprés un court silence.

"Ne rentre pas sans sa tête."

Yoshitsune palit et Yoritomo sut que cela ne concernait pas les combats futurs.

"Tu penses à l'enfant.
-Que va-t-il lui arriver?"

Yoritomo sourit mais ses yeux restèrent froids.

"Je ne peux reprocher à un enfant, la folie de son père. Il ne risque rien."

Yoshitsune voulut y croire de toutes ses forces.
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Message  redphoenix Lun 11 Juin - 20:41

A l'interieur de l'ancien palais Heike.


Kiso Yoshinaka était un homme contrarié.
D'abord par ces nouveaux costumes trop flamboyants, trop encombrants, par ce palais livré sans combat, par l'Empereur qui l'ignorait totalement, par son armée éparpillée dans la ville et se livrant au pillage.

Et l'arrivée imminente de l'envoyé de Yoritomo était une sorte d'aboutissement... en espérant que cela ne soit pas le prélude d'un désastre.
Il ferma les yeux en priant que le calme vienne, mais il n'eut pas cette chance. Il arpentait la pièce comme un possédé à l'instant où un jeune homme fit son entrée.
On lui avait annoncé le frère cadet de Yoritomo, Minamoto no Yoshitsune. Et presque malgrés lui, il tenta de trouver des traits communs entre les deux hommes. Il se dit avec une pointe de dégoût, que ce jeune homme aurait pu rendre jalouses certaines demoiselles par sa beauté.

Indifférent à cet examen, Yoshitsune prit place et salua avec un respect de convenance.

Aprés un instant d'incertitude, Kiso Yoshinaka se rappela que le jeune homme devant lui était le bras armé de l'ordure qui se prétendait le commander...Alors il voulut sourire, être agréable, ressembler à ces nobles si raffinés. Et malgrés ses efforts, il évoquait davantage un paysan déguisé.

Kiso Yoshinaka livré à ses agitation, supportait difficilement ce silence

"Avertissez Yoritomo que cette ville est désormais à nous, les Genji. Et que j'ai été meilleur que lui au jeu de qui mérite d'être le chef."

Il partit d'un grand rire un peu exagéré. Yoshitsune resta muet et surpris de voir son cousin livrer ouvertement ses ambitions:

"Ce n'est pas ce que j'ai vu en la traversant."

Yoshinaka était au bord de l'explosion devant ce calme.

"Alors éclairez-moi...je vous en prie."

Yoshitsune continua avec avec une pointe d'impatience.

"Vos hommes sont livrés à eux-même. Ils volent, pillent et violent. Votre armée est comme un corps sans tête."

Yoshinaka renifla pour cacher son embarras:

"Ce sont des hommes frustres...ils ont besoin d'exutoire..."

Mais l'esprit de Yoshitsune était aileurs:

"Je me suis interrogé sur la raison qui aurait poussé les Heikés à fuir sans combat. Désormais, je le sais."

Et devant un Yoshinaka agité de tics, il poursuivit:

"Je donne moins de trois jours avant de les voir rappelés devant ce chaos."

Yoshinaka avait du mal à respirer

"Et qui irait les rappeler...le peuple."

Il cracha pour bien marquer le crédit qu'il portait à cette idée.

Yoshitsune regarda son cousin. Il ressentait un profond regret devant ce manque d'intelligence. Un manque qui risquait de portait le clan entier vers le désastre. Et cela, il fallait l'empécher, quelqu'en soit le prix...

"Vous oubliez le titre porté par l'armée Heiké."

Il détacha chaque syllabe pour être bien compris.

"Ils sont l'armée Impériale. Alors, maintenant, avez-vous une idée plus claire de qui les rappelleras..."

__________________________________________________________
Benkei avait pris place, devant la grande salle pour attendre son seigneur. Des cris indiquaient que les négociations se déroulaient au plus mal. Et quand il vit sortir ce dernier, son expression était alarmante.

Tout ce que lui, homme simple, connaissait et acceptait des Genjis, était tout entier représenté par son maitre. Car tout ce qu'il avait vu jusqu'à présent n'était qu'un vaste concours d'ambition entre des loups assoifés de pouvoir. Ce jeu cruel lui semblait dramatiquement simple.
Et son maitre n'était qu'un enfant piégé au milieu de prédateurs.

Etait-il possible qu'il ne voit pas la manière dont son frère l'utilisait pour faire la guerre à sa place.

Yoshitsune marchait trés vite, pour se retrouver au centre de la grande cour et pouvoir murmurer pour n'être entendu que de Benkei:

"Je ne vois pas comment éviter une guerre entre Genji..."

Benkei soupira. Les réves des deux frères étaient aux antipodes. L'un cherchait une famille à travers ce clan, l'autre ne voyait dans ce même clan et ses membres que des marches pour parvenir au pouvoir

Yoshitsune préssa brusquement le pas pour retrouver Shizuka et effacer ainsi le préssentiment funeste qui le tourmentait.

Quand il arriva dans la demeure préparée pour lui et ses vassaux, il eut la désagréable surprise de ne pas y retrouver celle qu'il avait laissé au matin.

Une servante se jetta à ses pieds, le front dans la poussière

"Où est-elle?
-Pardonnez-moi mais elle ne cessait de se tourmenter pour sa mère. Elle est partie peu de temps aprés vous, avec une petite garde."

Benkei vit son seigneur vaciller. Il entendit à peine les mots de ce dernier:

"...as-tu eu déjà l'envie de frapper une femme..."

Le géant avait vu dans certaines rues les corps de femmes violées et tuées. Il savait trés bien, qu'elles étaient les images qui peuplaient l'esprit du jeune homme à cet instant.

Le bruit d'une grande agitation les sortit du silence. Un serviteur affolé se présenta.

"Un noble de la cour, délégué par l'Empereur, souhaite vous rencontrer."

Le jeune homme palit légèrement:

"Je le recevrais avec tout mes vassaux."

Tout se mit en place dans une rapidité extrème. Pourtant, tout paru incroyablement serein et calme à l'envoyé impérial quand il pénètra dans la salle pour découvrir le seigneur Minamoto no Yoshitsune, encadré de ses vassaux.

L'envoyé était un homme d'une quarantaine d'années, richement vétu, soigné et délicat. Il salua le jeune homme mais sans excés.

"L'Empereur a appris votre présence et souhaite vous rencontrer au plus tôt. Disons, en fin d'aprés midi. Si cela vous convient"

La demande était formulée de manière polie. Pourtant Yoshitsune ne fut pas dupe. C'était un ordre formel.

____________________________________________________________


Quelque part dans Edo...


Shizuka se sentait vaguement coupable mais elle était aussi une créature d'impulsion et malgrés les interdits posés de son amant, il était hors de question d'ignorer la présence de sa mère dans la même ville. C'est pourquoi, des le départ de ce dernier, elle entreprit de partir vers le quartier de cette dernière, seulement escortée d'une dizaine d'hommes.

Et ce jour là encore, les dieux furent bons. Shizuka pria pour que jamais ils ne l'oublient.

Elle entra presqu'en courant, dans la maison tranquille et silencieuse. Elle trouva sa mère dans le jardin, occupée à un travail de calligraphie, visiblement peu perturbée par le désordre exterieur. La femme leva les yeux et sembla à peine surprise:

"Tu as encore choisi le chemin le plus long pour rentrer à la maison."

Shizuka baissa la tête:

"J'étais inquiète pour vous. Mais je crains de ne pouvoir rester."

Elle leva les yeux pour croiser le regard grave de sa mère.

"Quel est celui que tu suis?"

Shizuka ne put que murmurer:

"Minamoto no Yoshitsune"

Sa mère soupira:

"Tu es partie avec les Heikes pour revenir avec un Genji. Je ne sais quoi penser...
Es-tu sa maitresse?"

La question prit Shizuka par surprise. Sa rougeur était un aveu:

"Es-tu prète pour cela?...Je veux dire...Es-tu prète à n'être rien d'autre qu'une concubine? Car tu ne seras jamais autre chose..."

Shizuka respira avec peine:

"Je le sais..."
Et elle redressa la tête.
"Simple concubine, peut-être...Mais je ne suis pas une simple danseuse. Je suis une Shirabyoshi. Cela veut dire que mon statut est celui d'une princesse. Si le destin me permet d'avoir un enfant. Il sera légitime. Qu'importe si je ne suis qu'une concubine."

Shizuka vit sa mère la fixer intensement. Elle ne sut jamais, qu'à cet instant, cette dernière priait pour la stérilité de sa fille.
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Message  redphoenix Lun 11 Juin - 20:42

L'Empereur était un vieil homme fatigué, amoureux de son jardin et se complaisant dans la compagnie de sa favorite. C'était du moins la croyance commune et cela arrangeait bien le dit vieillard. En lui permetant ainsi, de passer d'un protecteur puissant à l'autre, sans dégâts majeurs.

Ainsi, pendant plusieurs années, les puissants Heiké l'avait placé sous une tutelle respectueuse mais sans jamais se laisser oublier. Aujourd'hui, un clan renaissait...Les Genjis, et avec eux de nouvelles personnalités avec lesquelles il faudrait composer...où peut-être pas...

Ainsi Kiso Yoshinaka, dont l'haleine empuantissait sans avoir besoin pour cela d'ouvrir la bouche et dont l'allure évoquait celle d'un boeuf de labour.

Mais peut-être que l'alternative proposée par l'arrivée de cet autre Genji, ouvrirait des perspectives plus interessantes.

C'est pourquoi la présence de Taira no Tomoyasu, son envoyé et ami, se révèlerait préçieuse:

"Parle-moi de lui."

Tomoyasu sourit, conscient de l'attente de son maitre.

"Probablement, le plus beau jeune homme qu'il m'est était donné de voir."

L'Empereur gloussa, connaissant les goûts de son ami. Mais Tomoyasu prit une mine dépitée:

"Il semble trés attaché à sa concubine...une danseuse Shirabyoshi.

L'Empereur leva un sourcil de surprise, révelant des yeux brillants:

"Nous savons déjà qu'il s'agit d'un homme de goût. J'ai hate de savoir si il est aussi digne de devenir chef de clan. Est-il bien entouré?"

Tomoyasu savait bien que l'Empereur ne parlait pas de femmes.

"Il a peu de vassaux. Ils sont au nombre de dix. Mais leur valeur personnelle est impressionante. Le plus étonnant est sans doute leur diversité. On y trouve d'anciens brigands devenus samourais comme les fils des plus puissantes familles. Et leur unité est parfaite, sans faille apparente."

L'Empereur fit la moue.

"La fidélite est comme la lune, aussi changeante que ses faces.
-Je ne jouerais pas ma vie la dessus. Il faut avoir vu son premier vassal, un veritable géant. Il monte la garde devant son maitre comme un chien ne le ferait pas. Il pourait se jetter dans un brasier sur un mot de lui."

L'Empereur resta songeur.

"Et bien découvrons celui capable de provoquer pareil dévoument."


______________________________________________________________________________________


Yoshitsune s'avança le long d'une allée, en pleine lumière. Elle se terminait par quatre marches, ouvrant sur l'entrée du palais. Un simple voile la masquait, mais révèlait parfaitement la silhouette de l'Empereur installée derrière.

Yoshitsune s'agenouilla, le front dans la poussière. Pour entendre une voix douce descendre vers lui.

"Me voila ravi de connaitre le fils cadet de Minamoto no Yoshitomo."

Aprés un court moment de silence, la voix sans visage continua de parler avec douceur.

"Moi, celui qu'on appelle le fils du ciel. Je ne suis qu'un vieillard, jouet de forces contraires. Et j'espère en vous. Serez-vous le bras qui me protégera?"

Le front toujours penché, Yoshitsune se sentit pris au dépourvu.

"Ma force vous appartient. Commandez."

Le ton sembla plaire.

"Vous rechauffez mon vieil coeur. J'attends beaucoup de vous. Je pourais vous parler des Heiké, mais il y a des priorités...comme votre cousin. Il semble devoir aprendre trés vite, qu'il n'est qu'un humain, et par la même, reconnaitre ses limites. Il ne me semble pas assez fin pour les découvrir seul. Vous devrez les lui apprendre."

Yoshitsune leva les yeux pour découvrir la silhouette fantomique de l'Empereur derrière le voile. Il sut que le sort de son cousin était scellé et que bientôt, un petit garçon captif serait encore plus seul et sans pére.

______________________________________________________________________________________

Une semaine plus tard...

Shizuka marchait aussi vite que lui permetait sa robe étroite. Elle suivait la silhouette de Yoshitsune, perdue dans la foule. Le rejoindre à travers un peuple grouillant était une véritable lutte mais Shizuka était tenace. Son inquiétude pour lui était bien plus forte que la peur de lui déplaire pour sa désobeisance...

Elle parvint à le rejoindre alors qu'il s'était immobilisé. Il s'était figé à l'entrée de la ville. A l'endroit où l'on exposait les têtes des condamnés. Celle de Kiso Yoshinaka s'y trouvait depuis trois jours. Elle était fichée sur la pique la plus haute, sans doute pour échapper aux crachats des passants.

Elle se glissa derrière Yoshitsune. Il sut qu'elle était là, bien avant de la voir. Il ne sembla ni surpris, ni faché par sa présence. Son regard était fixé, comme fasciné par ce spectacle morbide. Et sans un regard pour elle, il lui parla:

"Crois-tu que je finirais ainsi...seul et traqué..."

Elle eut peur, une peur glaçante. Elle se plaça face lui.

"Il est mort parcequ'il était stupide et qu'il aurait du se soumettre."

Elle se détestait pour manifester si peu de compassion. Mais elle devait pardessus tout sortir son amant de sa dépression. Il plongea son regard dans le sien.

"Des l'instant où il a défié mon frère, il était déjà mort..."
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Message  redphoenix Lun 11 Juin - 20:43

Quelque chose de sinistre planait dans l'air, durant les jours qui suivirent l'exécution etl'exposition de la tête de Kiso Yoshinaka. Et cela fut bien pire quand on annonça la venue d'un messager, envoyé par Masako Hojo.

Il fut reçu par Yoshitsune, entouré de ses vassaux. L'homme épuisé, présenta un rouleau renfermant le message attendu. Yoshitsune s'y plongea...et son visage se décomposa...

Il fixa le méssager:

"Disparais!"

L'interpellé se dit qu'il s'en tirait à bon compte et s'éclipsa.

Benkei restait stupéfait par le ton brutal, parfaitement anormale chez son maître. Il fut le seul à oser demander:

"Qu'y a-t-il seigneur?"

Un message de cette vipère ne pouvait être qu'un concentré de poison. Yoshitsune le lui tendit sans un regard. Benkei le déroula pour découvrir atterer son contenu.

Masako Hojo demandait de l'aide...non, elle implorait celle de Yoshitsune. Elle lui demandait de tout faire pour sauver kiso yoshitaka, dont la tête serait tranchée à la fin de ce mois. Elle lui demandait de venir plaider la cause de l'enfant.

"Que comptez-vous faire? Il reste trois jours avant la fin de ce mois."

Yoshitsune resta silencieux et quand Benkei voulut insister.

"Disparais! Disparaissez tous!"

Le visage livide du jeune homme indiquait que le temps des discussions s'achevait.



Demeuré seul, son esprit était en feu. Un froissement de tissu le sortit de sa torpeur. Il leva les yeux pour croiser ceux de Shizuka. Elle s'agenouilla prés de lui.

Yoshitsune soupira:

"Je sais ce que tu attends de moi.
-Quand pars-tu?"

Elle ne doutait pas de lui.

"Shizuka....je suis le vassal de Yoritomo bien avant d'être son frère. Si il ne me fait pas appeler, je dois demeurer ici."

Shizuka baissa les yeux, aux bords des larmes.

"Je vous aime. J'ai besoin de vous comme de l'air que je respire."

Elle rajouta dans un murmure:

"Mais j'ai peur, une peur terrible...celle de moins vous aimez si vous laissiez mourir cet enfant sans rien faire."

______________________________________________________________________________________


Benkei s'était attardé dans la grande cour. Il fut à peine surpris devant l'apparition de son maitre.

"Trouve-moi le meilleur des chevaux. Je dois arriver auprés de mon frère avant trois jours.
-J'en trouverais deux. Vous pensiez bien ne pas vous y rendre seul..."
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Message  redphoenix Lun 11 Juin - 20:44

Benkei était un bon cavalier, et même excelent. Mais il aurait du être hors du commun pour ne pas perdre de vue Yoshitsune et sa monture. Ce dernier volait pratiquement. Et c'est en trombe, sur un cheval presque mort qu'il pénétra dans la résidence, au matin du troisième jour. Il passa sans un regard devant les courtisans de son frère. Ces derniers le fixèrent d'un regard stupéfait et inquiét devant cette présence inatendue et non-désirée.

Yoshitsune se dirigea d'un pas ferme vers les apartements de son frère. Il avait eu le temps de penser durant sa chevauchée et ne pouvait pas croire que ce dernier ordonnerait la décapitation d'un enfant. Mais devant les apartements de ce dernier, gardés par des hommes en armes, il voulu continuer à le croire.

"Annoncez au seigeur Yoritomo que son frère veut lui parler."

Le regard du garde était sans expression et insensible à cette demande:

"Personne ne rentre. Pas même vous."

Il n'était pas préparé à cela. Les gardes auraient empéché l'Empereur lui-même de passer.

Yoshitsune lutta contre le désir de tomber à genoux de fatigue et de désespoir. Il venait d'échouer à quelques métres. Et à aucun moment, il ne vint à l'esprit du jeune homme, l'idée de forcer ce simple barage. Il savait sans doute d'instinct que sa tête roulerait tout de suite aprés celle de l'enfant.

Il recula pour se diriger en somnanbule vers le temple dédié aux divinités protectrices de sa famille et les implorer d'accueillir le coeur pure d'un enfant.
Au bout d'une heure, où peut-être davantage...il sentit le parfum d'une femme. Et reconnu sans la voir, la présence de Massako.
La femme de son frère semblait elle aussi chercher l'abri du temple.

"Tout est terminé. L'enfant est mort avec courage et dignité."

Son ton était froid et cassant mais quand Yoshitsune se retourna pour croiser son regard. Il sut que cette femme cruelle et sans pitié était atteinte par cette mort.

"Votre frère vous attend..."

Elle se leva et parti comme une ombre...sans bruit.

Yoshitsune revint vers les apartements de son frère. Les gardes le laissèrent passer, sans un regard. Il trouva Yoritomo siégeant seul, au milieu d'une vaste salle. Son frère l'invita à s'assoir d'un sourire:

"Pardonne-moi mon frère de ne pas t'avoir accueilli plus tôt. Ta présence est une surprise mais j'en suis ravi."

Son sourire semblait indiquer que cela pouvait être la vérité, mais l'esprit de Yoshitsune était ailleur.

"Comment as-tu pu?"

Le sourire de Yoritomo disparu:

"Je n'avais aucune haine pour cet enfant...
-Jamais je n'aurais cru que toi, plus que n'importe qui, tu sois capable d'une chose semblable. Tu as connu la captivité enfant...
-Tais-toi!"

La voix de Yoritimo était dure:

"Ne parle pas de ce que tu ignores...Je n'ai pas l'intention de m'expliquer avec toi où avec quiconque. Sache seulement que j'ai fait exécuter cet enfant justement parceque j'ai connu la captivité."

Il s'arréta un instant pour respirer et se calmer.

"Tu crois que je suis cruel parceque j'ai coupé la tête d'un enfant...sans doute.
Je le ferais à nouveau si c'était à le faire...et sais-tu pourquoi?
Contrairement à toi, je suis prét à tout pour survivre et mon clan avec moi.
-En quoi un enfant pouvait-il te menacer?

Il haussa les épaules d'agacement...décidement, il ne comprenait pas...

"Des que je l'ai vu, j'ai su que si je le laissais vivre quelques années de plus, cet enfant devenu un homme, deviendrait mon pire ennemi.
Et sais-tu pourquoi je le sais...parceque j'ai été cet enfant. J'ai été comme lui enfermé parmis les loups. J'ai du faire croire à ceux qui pouvait me tuer à n'importe quel instant, que j'étais insignifiant.

...cet enfant n'était pas insignifiant...

Il avait déjà toutes les vertus que l'on prète aux héros. Cet enfant est mort sans trembler, sans implorer. Il m'a regardé dans les yeux jusqu'à l'instant où le sabre a fait voler sa tête.
Jamais je n'ai vu un tel courage chez un homme.
Je te le répète. Je tuerais cet enfant autant de fois qu'il le faut, si c'est pour survivre.
Les Heike ne l'ont jamais compris...Ils auraient du me tuer."

Yoritomo fixait intensément son frère. Il souhaitait pardessus tout être compris.
Yoshitsune lui rendit son regard...

"Qu'attends-tu de moi...je ne peux aprouver cela. Et je refuse de tenter de le comprendre..."

Yoritomo sursauta. Le regard de son frère avait la même pureté que celle de l'enfant mort. Cette pensée lui déplut fortement.


"Alors je te rappelerais qu'avant d'être mon frère. Tu es mon vassal et le commandant de mes armées...parceque je le souhaite.
Prouve-moi que ta sensibilité n'est pas celle d'une femme.
Les Heike tiennent la citadelle de Ichi-no-Tani . Elle est comme une épine dans mon pied.
Arrache-là."
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Message  redphoenix Lun 11 Juin - 20:45

Benkei était parmis plusieurs centaines de cavaliers, au sommet d'une pente importante de quelques centaines de mètres, aboutissant à une plage bordant la citadelle d'Ichi-no-Tani.

Malgrés la quasi obscurité, Benkei pouvait distinguer les traits de son jeune seigneur. Yoshitsune se tenait légèrement en avant, sanglé dans son armure écarlate, sur son étalon noir d'encre. Ses traits étaient dures, ses yeux cillaient à peine, sa concentration était totale. Il ne voyait qu'une chose, toutes les torches allumées des Heikes, marquant toutes leurs positions à la perfection. C'était aussi clair qu'en plein jour.

Benkei eut presque pitié pour eux. Ils ignoraient que la mort attendait au sommet de cette falaise, de fondre sur eux. La mort qui viendrait aussi des deux cotés de la plage, car Yoshitsune avait divisé ses forces de telle manière qu'elles coupent toutes voies de retraite aux Heikes. Ils n'auraient plus que la mer pour s'enfuir...

Benkei reporta son intention sur son maitre. Les jours précédent avaient été une épreuve. Yoshitsune n'avait pu revoir Shizuka. Et il était bien difficile d'expliquer aux guerriers entourant le jeune homme, combien cela le rongeait. La pluspart de ces hommes considéraient les femmes comme un mal nécéssaire pour leur plaisir, la procréation et non comme une source de force.

Impossible d'imaginer qu'une femme puisse être cela pour leur chef...une source de force...

Yoshitsune leva son bras. Il tenait une longue baguette, indiquant son grade. Il la brandit bien haut. A la clareté de la lune, chacun des cavaliers pouvaient voir son geste. Et chacun n'attendait qu'une chose...que la baguette tombe.

Yoshitsune lança son cheval des qu'il abaissa le bras. Et ce fut comme si une énorme vague grandissait dans son dos. C'était un vrombissement évoquant celui du tonnerre. Et ce fut ce qu'entendirent l'armée des Heiké en contre-bas. Avant de découvrir dans un grand nuage de poussière, sous la lumière de la lune, plusieurs centaines de cavaliers dévalant la pente d'une falaise laissée sans surveillance.

Car qui aurait pu croire que des hommes soient assez fous pour charger à cheval sur une pente qui aurait donné le vertige à un oiseau.

Benkei était si grand et si lourd qu'il devait chevaucher un cheval de labour énorme. Il fit l'impossible pour maintenir son poid vers l'arrière. Il savait qu'en étant projetter vers l'avant, il serait impitoyablement écrasé. Il faisait l'impossible pour ne pas perdre de vue son seigneur qui lui, ne semblait pas soumis aux loies de la pesanteur. Il volait partiquement.

Quand les Heikes virent jaillir dans la lumière de la lune, ce cavalier de rouge vétu, ils pensèrent sans doute être devant une divinité de la mort.

Mais ils réalisérent trés vite être devant des hommes, quand des groupes armés jaillirent des deux côtés de la plage. Et ce fut comme si les machoires d'un prédateur se refermèrent sur eux.


__________________________


Shigehira était un jeune homme de vingt cinq ans et malgrés son jeune age, chéf des armées des Heikes. Il n'avait pas volé son titre. Il avait fait fuir bien souvent les Genjis.
Mais cette nuit-là, ce fut comme si la déesse de la chance et le dieu de la guerre s'étaient rangés dans le camp des Genjis, pour se mettre au service de ce commandant en armure écarlate qu'il distinguait à travers la fumée des incendies...car il est certain que rien ne brule mieux que du bois. Et Shigehira aurait volontier voulu jetter dans les flammes, celui qui avait eut l'idée brillante de construire la citadelle en bois.

Il était sorti en catastrophe de son baraquement, mais trop tard...les chevaux affolés, galopaient dans toutes les directions. Il n'avait que son sabre pour face au cavalier le plus effrayant qu'il ait vu...un géant monté sur un cheval plus gros qu'un taureau sauvage. Il maniait d'une main, une lance dont la longueur et le volume évoquaient un jeune arbre.

Et il foncait droit sur lui. Shigehira se sentait transformer en statue. Le géant allait l'écraser quand un cri domina le tumulte. L'homme et l'animal stopèrent net dans un nuage de sable. Il était certain de sentir l'haleine de l'animal sur lui.

___________________________


Yoshitsune s'était taillé une route sanglante au milieu d'une foule de soldats affolés. Il ne devait à aucun prix s'arréter, où simplement ralentir et leur permètre de reprendre leurs esprits. Il devait décapiter cette armée le plus vite possible.

Dans la confusion, il ne parvenait à reconnaitre que la formidable silhouette de Benkei. Il le suivait comme une formidable lumière dans les ténèbres. Il le vit fondre comme un oiseau de proie sur un samourai que Yoshitsune identifia en un instant...

...Shigehira...l'un des fils de Taira no Kyomori...

Enfant, il avait passé des années à ses côtés et celui de ses frères à jouer...impossible d'oublier l'un de ceux qu'il considérait comme ses frères.

Il hurla le nom Benkei et sa voix domina le tumulte. Et comme par miracle, le géant arréta sa monture violement.

Yoshitsune savait qu'il ne lui avait pas sauvé la vie. Il venait simplement de faire prisonnier le chef des armées Heikes.

La victoire était désormais à lui.
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Message  redphoenix Lun 11 Juin - 20:47

Shizuka était triste et seule. Le sort d'une concubine n'avait rien d'enviable mais Shizuka s'en moquait. La danse et la musique ne parvenait plus à la distraire. Elle ne vivait que dans l'attente de nouvelles. Elle s'était repliée dans ses apartements et ne vivait qu'au rythme des messagers.

Elle avait le souvenir désagréable des dernières paroles échangées avec son amant et qui sonnaient comme un chantage. Elle savait qu'il avait fait l'impossible...mais ne pas avoir pu lui dire qu'elle en était certaine, lui pesait.

Elle se jugeait égoiste et stupide. Elle était persuadée de l'avoir mis en danger en le forçant à affronter son frère et si cela était le cas, elle ne se le pardonnerait jamais.
La nouvelle d'une bataille importante et de la victoire des Genjis était sur toutes les lèvres. Elle tentait de se rassurer en pensant que si le commandant des Genjis avait été tué, on parlerait de défaite...

Mais peut-être était-il bléssé...?

Elle allait devenir folle...

Elle voulait que quelque chose arrive...n'importe quoi... que quelqu'un aparaisse...

Comme le voir apparaitre et bien vivant.

Elle sursauta en entendant dans le couloir, les pas feutrés d'une femme. Quand les portes glisèrent sur le coté, une suivante apparue. La jeune fille était liée à la personne de l'épouse de Yoshitsune. Elle l'informait que sa maitresse souhaitait la voir.

Shizuka indiqua qu'elle la suivrait...la peur au ventre. Elle n'avait jamais rencontré cette femme. Elle était certaine que si les rôles avaient été inversé, elle aurait voulu avoir la tête de sa rivale.

Shizuka n'était pas sanguinaire, mais parfois...

Elle arriva dans une vaste salle ouverte sur un magnifique jardin. Une jeune femme, guère plus agée qu'elle lui fit signe de s'approcher. Shizuka vint s'agenouiller respectueusement prés d'elle.

Elle la trouva belle et fit l'impossible pour maitriser une jalousie toute nouvelle. La jeune femme tourna son visage vers elle.

"Je devais vous voir...enfin. Et peut-être pour la dernière fois."

Elle laissa passer délibérément quelques secondes.

"Je suis convoquée par mon père auprés de lui. J'ai d'abord envisagé refuser. Aprés tout le devoir d'une épouse est d'être auprés de son mari. Et je me suis souvenue que je n'étais sa femme que de nom. Je pense qu'il ne se rendra pas compte de mon absence, à son retour..."

Shizuka baissa la tête pour cacher une joie qui montait comme un raz de marée...

*...son retour...*

La jeune femme fixa Shizuka avec attention et sans hostilité mais avec quelque chose qui ressemblait à de la pitié.

"La victoire est totale. Plusieurs généraux Heikés reviennent enchainés. Yoshitsune revient avec le statut de héros de son clan.
Mais ne vous y trompez pas...ce n'est quand début. Les Heikés voudront la tête de ce si jeune comandant qui les a humiliés...il y aura d'autres batailles...
Et je ne donne pas six mois à Minamoto No Yoritomo, pour voir en son jeune frère... un rival potentiel pour la conduite du clan.
...si vous l'aimez...vous pouvez commencer à avoir peur pour lui..."
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Message  redphoenix Sam 23 Juin - 20:54

Masako était une femme avec un caractère d'homme. Une femme devant laquelle on s'inclinait parcequ'on la craignait et à juste titre...
Mais aujourd'hui, elle se heurtait à une volonté bien plus puissante que la sienne, celle d'une petite fille...la sienne.

L'enfant refusait de s'alimenter. On avait tenté de la nourrir de force. Elle avait vomi ce qu'on tentait de lui imposer. Elle refusait de parler. Les seuls mots qu'elle avait prononcé, étaient des paroles de haine pour son père. Elle l'avait traité d'assassin et avait hurlé qu'elle voulait le voir mort...
Depuis, on entendait plus sa voix. Et Masako voyait sa fille s'éteindre commme un feu qu'on alimentait plus...

Masako était affectée mais pas autant que son mari. Elle savait qu'il aimait sa fille. Et il avait perdu son coeur en tuant le petit garçon.

Masako avait tenté de toucher son mari en le faisant revenir sur l'ordre d'exécution mais rien n'avait reussi...pas même le retour forcé de son frère.

Le seul, sans doute, qui l'aurait fait revenir sur sa décision. Il avait refusé de le recevoir pour ne pas céder.

L'enfant avait été exécuté publiquement. Et depuis ce jour maudit, la petite princesse se laissait glisser vers la mort.

Masako regardait sa fille enveloppée dans une converture. Elle avait l'air si petite...

"....mon..."

Elle avait tenté de parler. Masako au comble de l'émotion, se pencha.

"...je veux voir...mon oncle...vous...partez...disparaissez..."


Masako aurait aimé qu'on la pende...mais pas ça...

"Je vais le chercher..."

Elle se leva comme un automate. Elle était prète à s'humilier, à se trainer aux pieds de Yoshitsune ...pour le faire venir.


___________________________


Yoshitsune en grande conversation avec Benkei, eut la surprise de voir entrer sans cérémonie, dans ses apartements, l'épouse de son frère. Elle semblait perdue. Yoshitsune se sentait mal à l'aise. Voir cette femme si forte, dans cet état, avait quelque chose d'effrayant.

"Ma fille vous réclame et je vous demande...je vous prie humblement de vous rendre auprés d'elle."

Il resta un instant silencieux...au grand suplice de Masako. Et aprés un regard à Benkei.û

"Biensur...je viendrais le plus tôt possible."

Elle lui sourit et le remerçia. Et se jura en silence de le voir mort un jour...

_____________________________

Yoshitsune entra dans la chambre silencieuse. Une large ouverture sur le jardin ofrait la lumière du jour. Il trouva la fillette repliée sur elle-même. Elle ressemblait à un petit chaton qu'on aurait oublié. Elle ouvrit les yeux et son petit visage s'illumina.

"Vous avez tardé..."

Il se sentit coupable d'avoir négligé l'enfant. Il s'agenouilla prés d'elle.

"Pardonne-moi...
-J'ai un peu peur...
-De quoi...?
-...je vais bientôt mourir..."

La fillette avait parlé d'une voix un peu tremblante. Il tacha de maitriser sa voix.

"Jamais...tant que je vivrais..."

Elle lui sourit.

"Vous ne pouvez pas tout...j'ai vu en rêve un dieu de la mort...il a dit qu'il viendrait me chercher...
-Tais-toi...J'ai vaincu des armées...je ferais reculer un dieu de la mort."

Il prit la main de l'enfant.

"Je vous aime mon oncle... autant que je déteste mon père."

Cet aveu déchira le jeune homme.

"Je vous promet de vivre...si vous partez...
-Pourquoi?
-Le dieu de la mort m'a dit qu'il vous prendra aussi...bientôt"
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Message  redphoenix Lun 16 Juil - 0:17

Une mer de sang...

1185 Dan-no-ura


Sakon était un homme d'une cinquantaine d'années, fort comme un boeuf, mais pas plus intelligent. Mais l'on ne demandait pas à un soldat fidèle, d'être trop intelligent.
Sakon était fanatiquement attaché à son maitre Yoritomo et à son clan, celui des Minamoto.

C'est pourquoi ce jour était à la fois sublime et effrayant.

Sublime car Sakon se tenait sur un promontoire dominant le détroit de Dan-no-ura. La mer y serpentait entre les principales îles du pays. Cette mer avait une couleur écarlate. Et cela n'avait rien à voir avec le soleil couchant. Ce rouge était celui du sang. Celui de centaines d'hommes, morts pour avoir défendu le clan des Heikes.

Et aujourd'hui, ce clan si arrogant et toute sa flotte dormait dans le fond de cette mer. Sakon avait participé à la bataille. Il n'était pas un marin et aucun homme de son clan ne l'était. Pourtant ils venaient d'éffacer de ce monde, le plus puissant clan maritime du Japon. Ceux qui avaient porté hier encore, le titre d'armée impériale.

Pourquoi n'était-il pas heureux...la réponse était simple. Son maitre était à des centaines de kilomètres de là. Et le seul artisan de cette victoire totale était Minamoto no Yoshitsune, frére cadet de son seigneur.

Et les quelques heures qu'il venait de vivre, l'avait plongé aux enfers.

Il avait vu ce commandant de vingt six ans, ne suivre aucune régle de la guerre. Et gagner avec une facilité insultante.
Yoshitsune semblait mépriser la mort, ainsi que celle des autres...
Un guerrier sans peur était anormal, inquiétant. C'était comme si ce jeune homme avait passé un pacte avec les démons.

Comment expliquer une victoire aussi totale d'un si jeune commandant, face à des chefs si expérimentés.

Sakon n'avait pas assez d'imagination pour concevoir l'idée que ce jeune homme était instinctivement lié à la guerre. Sans effort, il savait ce qu'il devait faire pour gagner et le prix qu'il devait payer pour cela.

Yoshitsune, une arme à la main, n'était qu'une seule volonté, celle de gagner...

Sakon était simplement un homme inquiét. Il avait conçu la certitude que son seigneur avait fait grandir auprés de lui un serpent qui finirait par le dévorer.

Il était urgent de couper la tête de ce monstre en devenir....



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shizuka attendait avec un calme de surface, le retour de yoshitsune. Les rumeurs de la victoire étaient venues jusqu'au camps. La certitude qu'il soit en vie lui permétait de respirer librement.

Elle resta sans bouger quand il fit irruption sous la tente...avec derrière lui, un nuage de poussiére et une odeur de sang. Il s'était débarassé de son casque à l'entrée et ses longs cheveux noirs tombaient sur ses épaules. Ses yeux semblaient égarés...
Quand il la vit, ce fut comme si son visage tourmenté, s'apaisait enfin. Shizuka s'avança...

"N'approche pas...

Elle s'arréta brusquement. Il s'en voulu de sa brutalité.

"Je suis sale et je transporte la mort avec moi...

Shizuka n'était pas bléssée.

"Laisse moi te retirer cette armure et te préparer un bain."

Yoshitsune se laissa faire comme un enfant. Il doutait que la mer dans son entier puisse jamais le laver de cette journée...mais il avait trop besoin de sentir sur lui les mains légères de Shizuka.

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La vapeur chaude avait envahi la tente et Yoshitsune se sentait presque coupable du plaisir qu'il ressentait. Assis dans une cuve, l'eau au niveau de la poitrine, il retint les bras de Shizuka. Elle abandonna l'éponge pour encercler le torse de son amant.

"As-tu connu les princes Heike...
-J'ai dansé pour eux...
-Te rappelles-tu d'eux...
-Je garde un souvenir trés impressionné de l'un d'entre eux. Le prince Tomomori. Il avait beaucoup d'allure. jamais je n'ai vu un homme aussi grand...mais depuis j'ai rencontré Benkei...
-Il est mort..."

Shizuka se sentit confuse.

"Qui cela...
- Ce prince si plein d'allure...il s'est suicidé devant moi, sans que je puisse rien y faire...lui et sa famille... les femmes Heikes ont choisi le suicide elles aussi. Elles se sont noyées..."

Shizuka le serra contre elle.

"Aujourd'hui...il ne reste plus qu'un seUl Heike en vie ...le prince Munemori. Dans les jours qui viennent, mon frère le demandera certainement....

L'esprit de Yoshitsune sembla s'éloigner dans le temps...

"Enfant, j'ai grandi à côté d'eux et jusqu'à mes dix ans, j'ai cru qu'ils étaient mes frères et que j'étais un Heiké....peut-être un batard...mais un Heiké."

Shizuka hésita...

"Quand as-tu su...?
-A dix ans, ma présence était trop encombrante auprés des princes. J'ai été enfermé dans un monastère. J'ai pensé que j'étais resté en vie parceque je n'étais qu'un batard...je sais aujourd'hui que c'est faux.
Les Heikés n'étaient pas des sanguinaires. Ils n'ont jamais imaginé que des enfants en grandissant, voudraient leur mort. C'est pour cela que je suis resté en vie, comme mon frère...c'est une leçon que Yoritomo n'a jamais oublié...pour lui, le pardon est une faiblesse."

Shizuka était inquiète.

"Ton frère a confiance en toi...
-Comme j'aimerais que cela soit la vérité..."

Shizuka le serra davantage.

"Tu ne les haissais pas ...n'est-ce pas...?"

Elle ne pouvait voir le regard perdu de Yoshitsune.

"J'aurais voulu qu'ils vivent, et quand je les ai vus se tuer. J'aurais voulu mourir avec eux..."
redphoenix
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