Effet Papillon
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Effet Papillon
Bonjour,
Voici le lien vers une fic que j'écris depuis quelques années. Il s'agit d'une prospective du futur de l'univers SG à moyen-terme (une dizaine d'années après la saison en considérant que la rencontre avec les Ori ne s'est pas réalisée après un ultime coup de dé dans une trame où ceux-ci ont gagné (pas de Deus Ex Machina avec le Sangral et l'Arche de Vérité). A partir de là, les choses changent de façon relativement drastique dans une Voie Lactée où les Jaffas et les Terriens se regardent en chiens de faïence pour savoir qui va devenir la puissance dominante, la cité d'Atlantis présente quelques surprises et les choses ont tendance à s'emballer.
On retrouve une grande partie des personnages originaux, mais à l'exception d'un ou deux d'entre eux, ils restent dans le "décor".
Attention pavé, par contre : 150 pages pour le Tome I et environ 400 pour le Tome II. Le Tome III est en cours d'écriture en ce moment-même.
Merci par avance pour les commentaires !
(Apparemment, je suis trop "nouveau" pour avoir le droit de poster des liens, donc il suffit de rajouter les fragments suivants à l'adresse de base de ff.net
Tome I : /s/5786644/1/Effet_Papillon_Tome_I
Tome II : /s/7169252/1/Effet_Papillon_Tome_II
Le Prologue dans la case spoiler pour ceux et celles voulant un aperçu du début :
Voici le lien vers une fic que j'écris depuis quelques années. Il s'agit d'une prospective du futur de l'univers SG à moyen-terme (une dizaine d'années après la saison en considérant que la rencontre avec les Ori ne s'est pas réalisée après un ultime coup de dé dans une trame où ceux-ci ont gagné (pas de Deus Ex Machina avec le Sangral et l'Arche de Vérité). A partir de là, les choses changent de façon relativement drastique dans une Voie Lactée où les Jaffas et les Terriens se regardent en chiens de faïence pour savoir qui va devenir la puissance dominante, la cité d'Atlantis présente quelques surprises et les choses ont tendance à s'emballer.
On retrouve une grande partie des personnages originaux, mais à l'exception d'un ou deux d'entre eux, ils restent dans le "décor".
Attention pavé, par contre : 150 pages pour le Tome I et environ 400 pour le Tome II. Le Tome III est en cours d'écriture en ce moment-même.
Merci par avance pour les commentaires !
(Apparemment, je suis trop "nouveau" pour avoir le droit de poster des liens, donc il suffit de rajouter les fragments suivants à l'adresse de base de ff.net
Tome I : /s/5786644/1/Effet_Papillon_Tome_I
Tome II : /s/7169252/1/Effet_Papillon_Tome_II
Le Prologue dans la case spoiler pour ceux et celles voulant un aperçu du début :
- Spoiler:
- Le général Jack O'Neill avait eu l'impression, en quelques semaines, de prendre une dizaine d'années. Derrière son regard ne se cachait plus les remarques piquantes qui lui avaient fait autant d'amis que d'ennemis, mais la lassitude d'un homme qui était en train de perdre tous ses repères. Sa démarche elle-même traduisait son état d'esprit, alourdie et presqu'hésitante. Ancien membres des forces spéciales, brièvement retraité à deux reprises, les dernières années avaient redonné un sens à sa vie, tandis que la Porte, cet artefact multimillénaire, avait été la clé de tout ce qu'il était désormais. Après avoir rencontré au fil des années ceux et celles qui devinrent sa nouvelle famille, l'officier supérieur, l'homme, était devenu la somme de ses expériences, tant heureuses que malheureuses.
Cette famille, qu'il n'aurait jamais imaginée au lendemain de la mort accidentelle de son fils et du divorce que sa déréliction suicidaire avait provoqué, était aussi improbable que disparate. Daniel Jackson, le jeune archéologue qu'il avait vu et aidé à grandir, jusqu'à devenir tacitement un fils spirituel, pacifiste convaincu qui avait, accepté de défendre ses convictions, maniant désormais les armes aussi bien qu'un soldat endurci. Samantha Carter, la femme qui lui avait ôté définitivement ses dernières pulsions destructrices et avec qui il ferait sa vie, quoi que puissent dire les règlements militaires d'une planète qu'ils avaient tous deux sauvé à maintes reprises. Teal'c, un frère qui, plus que quiconque, avait été là pour le soutenir, par sa présence comme par ses rares mots, dans une décennie d'épreuves et de combats. George Hammond, un vieux soldat dont les actions, dont il savait ignorer l'étendue, avaient toujours témoigné d'une confiance et d'un respect qu'il ne pourrait jamais repayer.
Mais cette famille n'était pas restée intacte. Trop souvent, elle avait perdu certains de ses membres, sans adieux adéquats. Et O'Neill, militaire expérimenté, savait que ces plaies à jamais ouvertes étaient le prix à payer pour ce qu'il avait pu accomplir.
Il avait perdu suffisamment d'amis alors même qu'il n'avait jamais quitté sa minuscule planète, et d'autres étaient tombés depuis, à des années-lumière de leur foyer. Et, comme tant d'autres avant lui, il avait continué à s'endurcir, son visage ne trahissant plus les émotions ressenties. Il savait qu'il avait un devoir envers les morts. Mais celui envers les vivants était plus important encore.
La douleur qu'il ressentait désormais était différente. Plus perçante. Il avait à nouveau perdu un être cher. Pas quelqu'un avec qui il partageait le quotidien. Il ne le voyait que rarement, lorsque leurs obligations à l'un et à l'autre se croisaient. L'un et l'autre avaient été séparés par le vide qui séparait les galaxies, une culture, des connaissances, et tout simplement une apparence différente. L'un et l'autre avaient cependant appris à se respecter, à apprécier ces différences qui auraient effrayé tant d'autres. Leurs personnalités, en apparence opposées, avaient au contraire trouvé dans l'autre un ami. Le général savait que ses plaisanteries auraient un goût plus amer, lui rappelant une autre de leurs victimes consentantes qui ne pourrait plus les apprécier.
Mais il ne devait continuer, pour la simple raison que ses compagnons de route, et, consciemment ou non, des milliards d'êtres dans cette galaxie, comptaient sur lui. Il lui restait encore beaucoup à faire avant de pouvoir pleurer les disparus.
Thor… pensa-t-il en se remémorant ses premières rencontres "professionnelles" avec le frêle Asgard, à chaque fois que l'un des deux avait eu besoin de l'expertise de l'autre pour éviter une catastrophe d'ampleur galactique.
Désormais, il regrettait de ne pas avoir pu passer plus de temps avec le "petit Gris" des légendes urbaines. Se souvenant des rares fois où celui-ci avait pu accepter des invitations personnelles sur Terre, le militaire soupira. Il eut un sourire aigre-doux en se rappelant ses réactions face à des "subtilités culturelles" présentées par O'Neill lors de quelque journée dénuée de crise.
Journée souvent suivie par les hurlements d'un général Hammond au bord de la crise de nerfs. Celui-ci avait été trop souvent poussé à bout en découvrant la nature de ces visites culturelles alors que son commandant en second lui confirmait, l'air contrit, qu'il venait de découvrir la tolérance de la physiologie Asgard face à la bière (largement plus faible que celle des humains, à en croire l'exemple du Commandant Suprême de la Flotte), ou ses talents à une table de poker (tout aussi faibles, il pouvait en témoigner).
Son sourire disparut lorsqu'il se dit que la petite cabane dans une forêt anonyme du Minnesota ne servirait jamais plus de décor pour ces scènes étranges qu'étaient des parties de pêche impliquant plusieurs représentants d'espèces extraterrestres. O'Neill soupira.
Il n'en demeurait pas moins qu'il devrait attendre pour faire son deuil. Il n'en avait tout simplement pas le temps, alors que la situation, jusqu'alors désespérée, venait de changer brusquement. Les Asgard étaient bel et bien morts, mais ils avaient cependant laissé derrière eux un témoignage. Un héritage. Une mission, que devait accomplir la Cinquième Race.
Le déferlement qu'était l'invasion Ori ne cessait pas, et O'Neill savait très bien qu'il n'y aurait pas de miracle face à un tel ennemi. Ou que, s'il y en avait, il ne serait pas du côté des derniers résistants. Mais s'il n'y avait pas de miracles, il restait cependant une chance. Mince, désespérée, mais bien présente. Et, depuis plus de dix ans, lui et le reste du SGC n'avaient fait que ça : transformer des essais jugés impossibles par la théorie, le bon sens et les lois de la physique.
Il allait une fois de plus devoir mettre les probabilités en échec.
Moins d'une heure plus tard, ses yeux ressentirent brusquement le besoin de s'adapter alors que la luminosité ambiante venait de s'accroitre. Le général observa un instant ses alentours, son environnement étant passé de la grisaille caractéristique des parois de béton du SGC à la lumière éclatante et multicolore d'une anonyme planète de la Voie Lactée.
Par réflexe, il eut un geste vers son arme lorsque deux figures quittèrent la végétation pour se rapprocher de lui, mais s'interrompit en reconnaissant deux jaffas qu'il avait vu quelques semaines plus tôt, dans une rencontre du même acabit.
Ceux-ci l'accompagnèrent sur quelques kilomètres jusqu'à un campement, que le général n'eut aucun mal à identifier comme étant au mieux temporaire. Les stocks de nourriture étaient entreposés dans un coin, gardés en permanence, tandis qu'une fosse hâtivement creusée abritait les déchets des occupants. Sur le visage de ceux-ci, O'Neill pouvait lire de la lassitude et de la peur. Ces quelques douzaines de jaffas savaient parfaitement que leur lutte ne verrait probablement pas d'issue heureuse.
Instinctivement, il repensa aux premiers jours de la rébellion jaffa, lorsque les rares alliés aux côtés desquels il s'était personnellement battu étaient davantage persuadés d'accomplir un suicide spectaculaire plutôt que de mener un combat qui pourrait être un jour remporté.
Des années de lutte, des alliés improbables et une combinaison de facteurs imprévus avaient pourtant mis à bas l'hégémonie des parasites sur sa galaxie natale. Une pensée qui aurait dû lui remonter le moral. Mais, étant tout sauf stupide, il savait que la situation était différente, avec un adversaire bien plus avancé, à la volonté unique, et surtout à cause de la cruelle absence des Asgard. Eux seuls pouvaient protéger durablement la Terre, ce qui avait fait d'elle la forteresse ayant rendu possible tout ce qu'il avait accompli les années précédentes.
- Humain ! l'accueillit le vieux jaffa qui dirigeait le camp.
- Bra'tac, répondit simplement O'Neill.
- Par ici, dit-il en se dirigeant vers une tente anonyme, éloignée de l'imposante structure centrale, que le général identifia aussitôt comme un leurre destiné à subir la frappe initiale d'une éventuelle embuscade.
Une fois à l'intérieur, Bra'tac fit sortir les autres jaffas du QG improvisé, dans lequel plusieurs hologrammes flottaient autour d'une table. On y trouvait aussi des rapports, des cartes et d'autres objets qu'O'Neill ne pouvait reconnaitre malgré sa longue expérience.
- Quelles nouvelles de la Tau'ri ? demanda le jaffa sans préambule.
- Mauvaises. Le site Gamma a été trouvé et détruit. Les Ori attaquent directement, maintenant.
- Bien sûr, tous les autres sont tombés. Autre chose ?
- Oui… Les Asgard… ne pourront plus nous aider. Ils sont… partis.
Les regards des deux vieux soldats se croisèrent l'espace d'un instant, et Bra'tac décida de ne pas poser plus de questions à ce propos, laissant O'Neill continuer :
- Ils nous ont laissé quelque chose avant de partir.
- Nous avons besoin d'armes, O'Neill.
- Il y en a. Et elles fonctionnent contre les vaisseaux Ori.
D'un seul coup, le visage du vieux jaffa s'éclaira :
- Combien ? Est-ce que nous pouvons contre-attaquer ?
- Pas encore, soupira le général. Il n'y en a pas assez, et même Carter a du mal à comprendre comment en faire d'autres. C'est pour ça que je suis venu, Bra'tac. Nous avons besoin de temps. Nous pouvons encore gagner cette guerre, mais seulement si on peut mettre ces canons sur tous nos vaisseaux.
- Nous n'avons plus de temps, humain ! Mes derniers guerriers désertent, trahissent ! Ils ont peur des Ori. Ils voient les Prêcheurs comme de vrais dieux ! Il nous faut une victoire, maintenant, sinon vous serez tous seuls !
- Je sais ! répondit brusquement O'Neill. Je sais ! Carter a proposé un plan pour ça. Gagner une victoire contre leurs vaisseaux, et du temps.
- Comment ?
- Il y a deux ans, on nous a offert un cadeau. Piégé. Le genre qui détruit une étoile si on l'active comme on nous l'avait conseillé. Sam s'en est aperçu à temps, et on a gardé l'engin à l'abri. Elle veut qu'on s'en serve pour démolir autant de leurs vaisseaux que possible. Si on peut tous les attirer au même endroit, on les détruira tous leurs engins d'un coup, et il leur faudra du temps pour ramener des renforts. Avec de la chance, ça suffira pour que Carter et ses crâne d'œufs nous sortent plein de nouveaux canons, et après ça, on pourra leur botter le derrière ensemble comme au bon vieux temps. Il faut qu'ils croient qu'on a pris contact avec les Anciens, et que… commença-t-il en exposant le plan imaginé par Jackson et Carter.
Il avait fallu deux semaines entières pour que Bra'tac parvienne à s'assurer que les fausses informations étaient bien arrivées chez les Prêcheurs, et O'Neill avait décidé de ne pas lui demander ce qu'il avait pu en coûter pour que ceux-ci jugent leur renseignement fiable. Le vieux jaffa lui avait clairement dit que ses derniers partisans l'abandonnaient et que, incessamment sous peu, il serait incapable de coordonner les quelques rares mouvements de résistance qui subsistaient sur les planètes occupées.
Regardant la caisse métallique contenant le ZPM piégé, il ferma un instant les yeux, en adressant une prière, sans véritablement savoir à qui ou quoi, alors qu'il avait, en une dizaine d'années, détruit des mégalomanes aux prétentions divines, rencontré des êtres aux pouvoirs bien réels, expérimenté la relativité de la vie et de la mort. Mais certains comportements ne pouvaient pas le quitter facilement, et les innombrables évènements étranges qu'il avait pu observer au cours de sa vie avaient tendance à le convaincre que la logique et la rationalité n'étaient pas les seuls guides de cet univers, quoi que puisse en dire Carter.
Il n'eut pas le temps de finir sa pensée qu'un flash aveuglant l'engloutit avant de s'évanouir, l'ayant emporté avec la caisse et le chariot.
Habitué aux téléportations vers les vaisseaux indirectement sous ses ordres, le général fut trahi par ses réflexes, cherchant instinctivement ses repères habituels pendant quelques instants, avant de se rappeler qu'il n'avait pas été amené sur le pont de commandement, mais dans l'une des baies de transport. Celle-ci, relativement vaste, n'abritait qu'une fraction infime de l'activité habituellement présente, ce qui lui facilita la tâche pour reconnaître l'individu qu'il cherchait.
- Colonel, dit-il en s'approchant de l'homme en tenue de bord.
- Bienvenue à bord, général, répondit le colonel Davidson, en le saluant.
Après avoir fait de même, O'Neill désigna d'un geste le chariot qui avait été amené avec lui :
- Dites à vos hommes de préparer l'engin, je vais vous briefer sur les détails de la mission.
- Thomson, amenez ça au sas principal, dit le colonel à l'un de ses hommes, qui acquiesça aussitôt.
Les deux officiers regardèrent le membre d'équipage s'éloigner en poussant, escorté par une demi-douzaine de Marines, le générateur multimillénaire devenu arme. Une fois le groupe suffisamment éloigné, le commandant du vaisseau tourna la tête vers O'Neill :
- Vous pensez que ça va marcher ?
- C'est pas plus dingue que les autres plans de Carter, se contenta de répondre le général.
- Bien ce que je craignais… Le reste de mes officiers vous attend dans la salle de briefing aéro. Est-ce qu'on doit recevoir d'autres fichiers d'en bas ?
- Non, fit son supérieur en lui montrant un petit objet aisément reconnaissable.
- Qu'est-ce que… commença Davidson en écarquillant les yeux.
- Pas de commentaire, colonel. Apparemment, certaines huiles à Washington savent si bien tenir leurs langues qu'on a des foutus produits dérivés pour un programme secret ! Comme si on avait besoin de ce genre de problème de sécurité maintenant. Enfin, cadeau d'anniversaire de Daniel… grommela-t-il en enlevant la coiffe de la réplique de lance jaffa pour révéler un port USB. Enfin, c'est pratique.
L'autre haussa des épaules avant de continuer :
- C'est l'important. Sinon, mon second est sur la passerelle pour les derniers préparatifs…
- Je reste à bord pour toute l'opération, donc j'aurai le temps de lui expliquer le reste. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire.
Il se retourna et embrassa un instant du regard ses environs.
- Beau commandement que vous avez, colonel.
- Je sais, mon général. Merci.
- Non, vraiment, profitez-en. Je ne devrais pas vous le dire, mais la nouvelle vient de tomber : les politiques ont décidé de jeter un os aux gars de la Marine…
Le regard de Davidson s'assombrit, celui-ci voyant de quoi voulait parler l'homme grisonnant.
- Les Daedalus sont redevenus des croiseurs, et on va les laisser à, et je cite, "un corps plus expérimenté et adapté aux spécificités de ces engins". Ha !
- Qu'est-ce qu'ils ont comme expérience du combat spatial ?
- Il faut le leur demander. Enfin, les ordres… Bref, dès qu'on aura recommencé à respirer avec tout ça, on va leur laisser la place.
- Je vois… Dernière mission, donc ?
- Quasiment, colonel, quasiment. Essayons de terminer en beauté…
- A vos ordres, répondit celui-ci en ouvrant la porte du hangar.
- Mon général ! l'appela une voix au fond de celui-ci, le forçant à se retourner. Vous avez oublié ça !
O'Neill vit l'un des Marines se lancer dans sa direction, tendant un petit objet dans sa main.
- Je vous rejoins, colonel, fit-il, laissant l'officier avancer dans le couloir tandis que lui-même revenait dans la grande salle.
Il n'eut que le temps de faire quelques pas à l'intérieur qu'il fut rejoint par le militaire, qui lui tendit un badge d'accès.
- Merci beaucoup, caporal. J'aurais été bon pour de la paperasse si je l'avais per… commença-t-il avant d'être projeté brutalement dans les airs.
Les réflexes prirent immédiatement le dessus sur toute forme de raisonnement conscient, et l'officier commença à pivoter afin de retomber dans une position optimale. Des années durant, il avait exercé l'un des métiers les plus dangereux du monde, au vu du nombre de collègues et d'amis dont il avait prononcé les éloges funèbres. En tant que survivant, tant des opérations sur Terre qu'ailleurs, il avait non seulement appris à tomber correctement, mais aussi à réfléchir très vite.
Ce fut pour cela qu'il n'avait pas parcouru le quart du chemin le séparant du plafond qu'il se rendit compte que quelque chose posait problème. Quelque chose d'autre que le fait d'avoir été projeté dans les airs à bord d'un vaisseau de guerre en orbite autour de sa planète natale.
Il ne retombait pas.
Aussitôt, O'Neill fit une autre série de mouvements et se retrouva à se diriger les jambes les premières vers le plafond.
On a perdu la gravité artificielle ! C'est grave !
Quelques instants plus tard, le général se reçut brutalement sur la paroi métallique et parvint à s'amortir suffisamment pour attraper un support d'entretien, le tenant quelques instants avant de le lâcher. Sa trajectoire modifiée, il parvint à s'arrêter en percutant une poutre au niveau de son épaule. Grimaçant, il se mit néanmoins aussitôt dans une position de blocage et commença à observer ses environs.
Autour de lui, l'éclairage d'urgence s'était activé, les gyrophares illuminant le hangar où humains et objets volaient dans tous les sens, les premiers tentant d'éviter les seconds et de trouver un support quelconque pour se fixer. Quelques secondes plus tard, O'Neill trouva ce qu'il cherchait, et, d'une impulsion supplémentaire, se lança vers le chariot qu'il avait amené à bord. Une fois à proximité, il parvint à s'emparer de son support, et, d'un effort, évita de le renverser.
En un instant, le général retrouva ses repères, et avança avec sa charge vers une salle située dans un renfoncement de la coque, remerciant d'une pensée silencieuse le technicien qui avait jugé valable de recouvrir la caisse d'un matériau amortisseur. Incapable de freiner suffisamment, il percuta la vitre blindée de salle de contrôle du hangar, s'accrochant d'une main à la porte de celle-ci. Il lâcha cependant un léger cri lorsque le lourd chariot commença à partir dans la direction opposée et dû être retenu par son autre bras. L'officier sentit une douleur aiguë et serra des dents jusqu'à ce que sa charge fût entièrement immobilisée, flottant dans l'air. Il ouvrit alors la porte et entra dans la pièce vide, se dirigeant vers une série d'ordinateurs encore allumés.
Sur l'écran d'accueil, le général entra une combinaison de codes d'accès à usage unique, qui lui donna automatiquement le contrôle de l'ensemble des systèmes. Une brève série de commandes fit s'afficher sur les écrans un ensemble de consoles virtuelles émulant plusieurs fonctions vitales du vaisseau.
Il ne put empêcher son visage de pâlir lorsque son regard se posa sur l'affichage de l'état structurel, le noir et le rouge dominant l'ensemble des plans du croiseur, le hangar où il se trouvait étant l'une des rares sections à ne pas avoir été touchée par ce qui avait ravagé le vaisseau. Il se figea quelques instants lorsqu'une seconde lecture, plus détaillée, du rapport de dégâts, lui indiqua une dépressurisation massive de la coque, les couloirs adjacents au hangar jusqu'à l'ensemble des quartiers d'équipage étant désormais exposés au vide spatial.
O'Neill déglutit, puis reporta son attention sur une autre section du vaisseau, et ferma les yeux en voyant que la passerelle de commandement n'émettait tout simplement plus le moindre signal de statut, probablement détruite elle aussi.
Il se rendit vers l'un des téléphones de bord, situé près de la porte, et appuya sur un bouton peint d'une couleur différente de ses voisins. Aussitôt, un sifflement vint se faire entendre depuis les haut-parleurs, avant d'entendre sa voix en écho au fur et à mesure qu'il parlait :
- A tout l'équipage, ici le général O'Neill. On vient d'être touchés et la passerelle ne répond plus. Je prends le commandement. Toutes les sections, rapport d'avarie, pour le poste… 41-12. Terminé.
En quelques minutes, il eut une estimation plus précise de la situation, faisant mentalement la liste des secteurs qui ne répondaient tout simplement pas et arrivant à la même conclusion que celle donnée par les ordinateurs.
- Plus de moteurs, plus d'armes, plus de bouclier. Journée pourrie… sûrement un lundi, grommela-t-il avant de reprendre le combiné du téléphone de bord.
- Ordre à tout l'équipage. Evacuez le vaisseau si vous le pouvez. Je répète, évacuation ! O'Neill, terminé.
Il se rendit cette fois-ci devant l'une des autres consoles et regarda le terminal de communication émulé. Sans hésiter, l'ancien chef de SG-1 sélectionna la fréquence d'urgence, espérant que les antennes secondaires seraient suffisamment intactes pour transmettre son message. Une fois les réglages effectués, il se rendit sur la console voisine tout en commençant à parler :
- O'Neill à SGC. Urgence. Passez-moi Landry.
Sans attendre de réponse, il parcourut d'un regard la liste des caméras extérieures, se figeant sur l'une des rares icônes demeurées verte. Il la sélectionna, et, en voyant la scène s'afficher sur l'écran, sentit ses forces l'abandonner.
Non…
- Non… murmura-t-il à nouveau, en regardant, derrière les débris du croiseur, la surface de la Terre parcourue de cendres et de brasiers de la taille de pays, alors que, au loin, le dard caractéristique d'un vaisseau Ori venait continuer un travail de destruction presqu'absolu.
Il avait finalement échoué.
Après plus de dix ans à protéger son pays et sa planète de menaces toujours plus dangereuses, à réussir de justesse, il avait failli à son devoir. Le général venait, en quelques instants, de voir tout ce qui justifiait son être, ses sacrifices, ses actions, s'évanouir. Son masque de calme et de maîtrise apparente des situations les plus dangereuses venait de perdre toute raison d'être, et il se laissa tomber dans le siège derrière lui.
Régulièrement, un nouveau tir venait rayer de la carte une région du globe, perçant le manteau terrestre jusqu'au magma et emplissant l'atmosphère de cendres brûlantes condamnant sans merci les éventuels survivants de l'attaque.
C'est fini… pensa-t-il sombrement en se levant.
D'un pas rendu lent par l'absence de gravité, O'Neill se dirigea vers le chariot qui flottait devant la porte. Le plaquant sur le sol, il ouvrit un petit clapet derrière lequel était abrité un clavier numérique. Par des gestes lents, le général commença à entrer le code d'accès qui lui avait été fourni pour cette mission spécifique.
- Pas besoin de la balancer chez Râ, celle-ci, dit-il à voix basse en regardant l'écran lui demander d'entrer le délai du compte à rebours.
Tapant une valeur à un chiffre, il s'apprêta à valider sa sélection lorsqu'une voix familière vint se faire entendre, le figeant dans son geste.
- … que quelqu'un m'ent… ète, ici le… nel Carter, Starg… and.
Le général se redressa brusquement, et, emporté dans son élan, se vit entrainé vers le plafond. Prenant appui sur celui-ci, il retourna vers le sol, prenant prise sur les bords de la console :
- Carter ! appela-t-il. Rapport !
- … al, c'est vous ?
- Vous entends deux sur cinq, Carter. Répétez !
- Le SGC et le… détruits… al Landry tué, je suis… Qu'est-ce qui…
- Carter ! dit-il en remerciant le ciel de la seule bonne nouvelle venant éclairer le cauchemar qu'il vivait alors que son esprit tournait plus vite que jamais avant. Est-ce que vous pouvez aller au niveau moins cinquante ?
- …
- Sam ?
- … Oui, mais… dur.
- Tout le monde est mort dehors, Sam !
- …
- Allez-y. Activez le Jumper. Vous m'avez compris ? Activez le Jumper !
- … sieur, on ne peut…
- La ferme ! On va tous y passer, Sam ! C'est notre seule chance !
- … vos ordres, monsieur.
- Bonne chance, Sam.
- Mon… al. Je…
- Je sais, Sam. Je sais. Allez-y, maintenant. Vous avez une demi-heure, dit-il avant de couper la communication.
Il s'éloigna de la console sans se retourner, revenant près du chariot, tapant sur le bouton d'annulation avant d'entrer une nouvelle valeur.
Et c'est parti… pensa-t-il en voyant le compte à rebours s'afficher et commencer à défiler.
Soupirant, O'Neill referma le clapet et, d'une impulsion, s'éloigna de la bombe pour revenir dans le grand hangar, où la vingtaine de membres d'équipage avait réussi à retrouver le sol. Avec un seul bond, il se rendit près de la lourde porte d'accès, autour de laquelle étaient rassemblés plusieurs hommes et femmes. D'un regard, il vit que le panneau de contrôle de la porte avait été brisé par un débris, et il donna une tape à l'épaule d'un sous-officier essayant de forcer l'ouverture :
- Pas besoin, c'est le vide derrière.
- Mon général, c'est le seul accès pour les capsules d'évacuation !
- Appelez-moi Jack. Et pas besoin de s'inquiéter pour ça.
- Qu'est-ce qui s'est passé, monsieur ? demanda un autre.
- Jack, j'ai dit, pas "monsieur". On s'est fait casser la figure… Les Ori ont été plus rapides que nous. On a perdu.
- Mais, la Terre…
- Plus rien, sergent. Je viens de voir dehors.
- Qu'est-ce qu'on va faire ? demanda-t-il au milieu de quelques murmures d'accablement.
- Nous, ici ? Rien. Enfin, si, on va faire un sacré feu d'artifice pour fêter ça. Carter, par contre…
- Le colonel Carter ? voulut clarifier une autre personne.
- Ouaip. Le colonel Samantha Carter. Un foutu génie comme on en voit pas deux dans sa vie. Et une femme… Ah, de toute façon, ça ne change plus rien. Vous connaissez Retour vers le Futur ?
- … Pardon ? demanda le sous-officier en regardant O'Neill, pris au dépourvu par le brusque changement de sujet.
- Vous savez ? Marty McFly, la DeLorean volante et tout.
- Euh, oui, mais… quel…
- Hé bien Carter, elle a sa DeLorean, vous savez. Cadeau d'un Doc Brown Ancien. Et elle marche.
Devant les regards surpris de son auditoire, O'Neill fut pris de son premier sourire depuis le début de l'attaque.
- Bon, on va se poser, et je vais vous raconter une histoire, d'accord ? Normalement, c'est tellement secret que le Président m'étranglerait s'il était au courant, mais bon…
Une minute plus tard, il s'était posé sur une chaise flottant à quelques centimètres du sol, au milieu des survivants du hangar :
- J'étais encore en charge du SGC, à l'époque, quand cette vieille fouine de Maybourne nous a passé un coup de fil. J'étais un peu surpris, mais bon…
Le général O'Neill était en train de décrire l'intérieur du Jumper temporel lorsque le minuteur, à quelques dizaines de mètres de lui, marqua finalement zéro. L'instant d'après, le générateur bâti des éons auparavant par les Anciens reçut une série d'impulsions calculées très précisément pour maximiser le potentiel destructif de la brusque libération d'énergie. En une fraction de seconde, une bouffée de rayons gamma se forma, surpassant tout phénomène naturel jamais observé au cours des récents voyages menés par les représentants de l'Humanité. Ces mêmes rayonnements n'étaient que les effets dérivés du dégagement initial, qui avait donné le jour à des particules n'ayant plus parcouru l'univers depuis les instants ayant suivi sa naissance. Celles-ci désintégrées, il ne restait plus qu'une indescriptible quantité d'énergie cherchant à se disperser dans l'univers environnant.
Les différents obstacles s'opposant à son libre passage ne purent rien faire pour bloquer ou détourner le torrent de radiations. Les molécules furent brisées un infime instant avant les atomes et les hadrons, transformant une sphère toujours croissante de l'espace en un plasma de particules élémentaires. Le hangar désintégré, la haute atmosphère de la Terre ne constitua qu'un piètre rempart, ne donnant à la planète qu'un imperceptible répit avant que celle-ci ne s'évanouisse dans l'éclair. Les vaisseaux assaillants, eux, furent plus chanceux, leurs boucliers hautement avancés leur évitant la destruction pendant une durée se chiffrant en microsecondes.
En quelques minutes, l'étoile centrale du système solaire fut déchirée par l'objet qui avait résidé un peu plus tôt dans un chariot abandonné à quelques mètres de l'un des derniers groupes de Terriens sur des années-lumière.
Rufus Shinra- Lecteur de Prospectus
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